Débuts laborieux pour l’une des promesses phares de Francois Hollande pour lutter contre le chômage. Quatre mois après la promulgation de la loi, le 26 octobre dernier, le dispositif «emplois d’avenir» peine à décoller. Selon les services du ministère du Travail, le bilan au début du mois établit à «5 200-5 300» le nombre emplois d’avenir (CDI ou CDD d’une durée de un à trois ans, avec une aide de l’Etat égale à 75 % du salaire brut pour un Smic) déjà signés.
«La montée en charge est autour de 150 par jour», explique le ministère du Travail. Soit une tendance, sur l’année, de 54 750 emplois. Bien loin des 100 000 prévus et budgétés par le gouvernement pour 2013. Une satisfaction tout de même : plus de 50% des jeunes recrutés n’ont pas de diplôme. La mesure vise donc bien la cible qu’elle s’était fixée à savoir, les moins de 25 ans peu ou pas qualifiés très éloignés du marché du travail.
Il est surtout intéressant de constater que le dispositif est conforme aux objectifs qualitatifs qui avaient été fixés :
- 95% de temps plein
- près de 60% des contrats d'une durée de 3 ans et plus
- plus de la moitié des jeunes recrutés sont sans aucun diplôme, 35% ont un CAP ou un BEP, seulement 10% sont recrutés au titre de l'exception qualification (bac à bac+3 dans les ZRR ZUS et DOM)
- 17% des jeunes recrutés résident en ZUS (objectif 20% fin 2013, 25% fin 2014 et 30% fin 2015)
Le ministre du travail, Michel Sapin, a indiqué le 7 février que le nombre des emplois d'avenir était proche des 5 000 – "un chiffre parfaitement normal" – sur un objectif de 100 000 cette année. "Ça démarre exactement au même rythme que tout autre nouveau dispositif, a affirmé le ministre sur Radio Classique et Public Sénat. On lance le dispositif, il faut mobiliser les réseaux et informer les jeunes, les associations et les collectivités."
Comme il était interrogé sur le fait de savoir si les critères pour être éligibles à ces emplois n'étaient pas trop contraignants, M. Sapin a souligné que le dispositif s'adressait aux "500 000 jeunes qui sont sans emploi et sans formation" et qui"sont laissés par tout le monde au bord du chemin". Certes, a-t-il souligné, "il serait plus agréable pour une association ou pour une collectivité de prendre" un jeune "avec bac plus deux, ou bac plus trois, mais ce n'est pas l'objectif".
Il a rappelé qu'"il y a 75 % d'aides de l'Etat" et "il est légitime que l'Etat apportant 75 % du salaire" demande "un effort" aux associations et aux collectivités pour l'embauche de ces jeunes. Les emplois d'avenir sont destinés aux jeunes pas ou peu diplômés venant notamment des zones dites sensibles ou rurales.
Du coté des GEIQ, le premier contrat emploi d’avenir de France a été signé seulement fin février (soit 4 mois après le lancement du dispositif) à la préfecture de la Sarthe, au Mans.
Le bénéficiaire du contrat, Gaël, fera dès mardi ses débuts dans l’entreprise de BTP Lucas, au Mans. Il suivra d’abord une formation de bardeur (isolation de bâtiment par l’extérieur) avant d’enchaîner d’ici un an sur un contrat de professionnalisation en peinture. « L’objectif est d’avoir une qualification pour ensuite faire carrière dans les métiers du bâtiment », a expliqué ce jeune Manceau de 21 ans sans qualification.