dimanche 6 avril 2014

400 entreprises des Côtes-d'Armor ont aujourd'hui recours au temps partagé

Extrait du Journal des Entreprises

Plus de 400 entreprises des Côtes-d'Armor ont aujourd'hui recours à l'embauche d'un ou plusieurs salariés travaillant à temps partagé. En période difficile pour l'emploi, cette solution séduit de plus en plus pour sa flexibilité et sa facilité de gestion.

Un concept durable et mutualisée d'embauche. Voilà comment pourrait se définir le temps partagé, cette solution qui consiste pour un dirigeant à embaucher, via une association de patrons, des salariés mis à disposition de plusieurs entreprises. Le tout en contrat à durée indéterminé... sans les contraintes administratives de la gestion de la paie et du contrat de travail ! 

Une densité stratégique 

Cette solution est portée depuis dix ans par quatre groupements d'employeurs qui maillent le territoire des Côtes-d'Armor : Atouts pour le Pays de Rance, Adeliance pour l'axe Saint-Brieuc-Lannion, Tisserent pour le bassin de Loudéac et Terraliance pour le marché spécifique de l'agriculture. 
« Cette densité est une véritable richesse car elle permet de répondre aux besoins bien spécifiques des structures implantées localement », confirme Philippe Musellec, président du groupement Atouts à Quévert et directeur de la coopérative Val de Rance à Pleudihen-sur-Rance. 

Un acteur du territoire 
Économiquement, les groupements d'employeurs constituent désormais un secteur économique de poids : 6 millions d'euros de chiffre d'affaires cumulés en 2013, plus de 250 salariés embauchés en CDI, plus de 400 entreprises industrielles, agricoles ou de services membres de l'une des quatre structures, etc. « Notre force également est d'être fédéré dans un réseau régional ce qui peut favoriser les synergies et les échanges de bonnes pratiques », précise Delphine Jagoury, directrice-adjointe de Tisserent à Loudéac. 

Une réponse à la crise 

Depuis 2008, alors que l'emploi salarié direct n'a de cesse de reculer, entraînant dans son sillage l'intérim, les groupements d'employeurs vivent plutôt bien la période. « Bien sûr, certains clients ont réduit un peu la voilure mais cela nous a amenés à repenser notre démarche commerciale, notre offre, à être encore plus proche des besoins des TPE et des PME, souligne Marie Derrien, directrice d'Adeliance. Pour preuve, en 2012, nous n'avions accueilli que 14 nouveaux adhérents. Ce chiffre a doublé en 2013, preuve que le temps partagé séduit. Dans ce contexte, il n'est pas rare aujourd'hui de voir un salarié travailler pour quatre ou cinq employeurs différents. » 

De nouveaux profils 

Au départ cantonné à la fourniture de main-d'oeuvre ouvrière autour d'une alternance été/hiver, les groupements surfent tous désormais sur la vague du temps partagé à la semaine. « Ce choix nous offre davantage de fléxibilité et tire les profils recrutés vers le haut, note Philippe Musellec. Mais attention, l'idée n'est pas de renier notre histoire. Souvent d'ailleurs, en rentrant dans une entreprise via un poste d'ouvrier, nous suscitons chez les dirigeants des besoins complémentaires vers des techniciens ou des cadres. » 

Plus de services 

Sans tomber dans l'euphorie, les quatre groupements restent conscients des efforts à fournir pour peser davantage. « Nous devons aller vers plus de services aux adhérents mais aussi aux salariés en place ou futurs, précise Sylvie Le Clec'h-Ropers, directrice de Terraliance. En 2014, nous allons expérimenter deux nouveaux postes d'agent de maintenance et d'agent de traite. Pour le premier, l'idée est d'offrir une évolution professionnelle à aux salariés tout en apportant une réponse à la difficulté des agriculteurs de trouver des artisans pour réaliser des petits travaux à la ferme. » Le second poste sera proposé à des gens en temps partiels subis, comme une employée de boulangerie ou un porteur de repas à domicile, pour qu'il réalise la traite des vaches deux à trois fois par semaine. Là encore une réponse adaptée à la crise. 

L'enjeu de l'image 

Dans cette logique, la notion d'image et de communication est l'une des priorités de tous les intervenants. « Nous avons un gros travail à réaliser pour être par exemple plus présents sur les réseaux sociaux, confirme Marie Derrien. Nos relations avec les prescripteurs de l'emploi, comme Pôle Emploi, sont bonnes mais il faut être davantage proactif. » Une position partagée par Philippe Musellec : « la notoriété est notre point faible. Nous devons travailler dessus, à la fois en terme d'image mais aussi de présence commerciale. » 

Des adhérents ambassadeurs 

Refonte des sites web, organisations de petits-déjeuners locaux, intégration des réseaux d'entreprises, etc. Les moyens mis en oeuvre sont nombreux. « Dans la limite de nos budgets, ajoute Delphine Jagory. Notre atout principal reste nos propres adhérents qui utilisent le temps partagé, pour certains depuis plus de 10 ans. Ils sont nos meilleurs ambassadeurs. » Comme quoi on n'est jamais si bien servi que par soi-même. 

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