jeudi 28 mai 2015

Le CDI avec un "tiers employeur" en débat en Midi-Pyrénées : Le groupements d'employeurs face aux autres formes de mises à disposition


Le contrat à durée indéterminée… nombreux sont ceux qui en rêvent. De plus en plus rares sont ceux qui le décrochent… Pour 2015, les CDI ne représentent que 24% des intentions d’embauche des entreprises, selon la dernière enquête Besoins en main d’œuvre (BMO) de Pôle emploi Midi-Pyrénées. Des alternatives existent cependant, et sont parfois plus intéressantes.

Le nouveau CDI intérimaire

La première, récente, est le CDI intérimaire. Bernard Petit, président de Prism’emploi Midi-Pyrénées, revient sur l’origine de sa création : « L’accord de branche date de 2013. Nous avions initié une réflexion sur la sécurisation des parcours professionnels des intérimaires, notamment la création d’un CDI à l’instar de ce qui se fait dans d’autres pays européens. En plus de la création du Fonds de sécurisation des parcours intérimaires (FSPI), qui correspond à un engagement de la profession de verser une cotisation supplémentaire pour permettre aux salariés de monter en compétences, le CDI intérimaire a donc été instauré. La profession s’est engagée à en créer 20.000 d’ici à 2017. En novembre dernier, 250 avaient été conclus, mais nous assistons depuis à un phénomène d’accélération, essentiellement chez les majors. Le principal frein, c’est a période de carence, durant laquelle le salarié intérimaire continue à être rémunéré par l’agence de travail temporaire. Elle ne doit pas durer trop longtemps… Le CDI intérimaire est donc proposé, pour l’instant, aux salariés qui ont des compétences particulières ou sont sur des missions longues : des ingénieurs, des professionnels des ressources humaines, des financiers… ou encore certains professionnels du BTP pour lesquels on enregistre une vraie pénurie, comme les grutiers par exemple. Mais contrairement à ce que l’on peut penser, ce n’est pas un levier de fidélisation. Nos salariés intérimaires les plus fidèles sont habitués à une certaine liberté et à un niveau de salaire, grâce aux indemnités de fin de mission… »

Le management de transition

Autre option, toujours dans le secteur du travail temporaire, le management de transition et l’intérim management. PageGroup, déjà présent à Toulouse, vient d’implanter à Bordeaux Michael Page Intérim Management, dont c’est précisément la spécificité. « La marque existe depuis 2006 à Lyon et Lille », souligne Pierre Lacazedieu, directeur Michael Page Toulouse. « Ses services sont de deux types : l’intérim management, pour les entreprises qui ont besoin de remplacer rapidement un cadre sur une période donnée (motif classique de l’Intérim comme le congé maternité, l’arrêt maladie ou l’accroissement d’activité), un cadre de haut niveau, directeur financier ou DRH par exemple. Et le management de transition, qui porte cette fois sur une période plus longue. Il est destiné à des dirigeants et des cadres confirmés experts dans leur domaine, qui se voient confier un projet de grande ampleur : conduite du changement, transformation organisationnelle… Nous distinguons vraiment les deux, le premier correspondant à une situation d’urgence, le second à la gestion de projets moyens ou longs termes. C’est une très bonne alternative pour les seniors en recherche d’emploi, conscients que leur expertise est un atout sur le marché du travail, mais que leur âge peut malheureusement également être un frein regrettable à la signature d’un CDI. Les entreprises, elles, sont encore nombreuses à méconnaitre le management de transition, mais nous avons commencé à en rencontrer certaines, et nous observons qu’elles sont intéressées… »

Les groupements d’employeurs

Travailler pour plusieurs entreprises via un groupement d’employeurs, un "GE", est une autre manière d’accéder à un temps plein durable. « Les groupement d’employeurs ne sont pas nouveaux, le concept existe depuis 30 ans ; Garonne Emploi, GE toulousain, a lui été créé il y a presque15 ans maintenant, mais les GE restent encore largement méconnus des entreprises comme des salariés », regrette son directeur, Philippe Guarch Ferrer. « Le GE Garonne Emploi est une association qui regroupe aujourd’hui 32 entreprises adhérentes qui fonctionnent en réseau. Notre travail, c’est le temps partagé, c’est-à-dire l’organisation du travail de nos salariés (40 équivalents temps plein) entre plusieurs entreprises adhérentes, qui peuvent avoir des besoins saisonniers ou en compétences à temps partiel. Nos salariés ne sont surtout pas des "sous-salariés", bien au contraire. Ce sont des personnes qui possèdent des compétences transférables, dans le domaine des ressources humaines, de la gestion, de la logistique ou de la qualité par exemple. Le travail à temps partagé propose une réponse au besoin de flexibilité des entreprises, ainsi qu’au besoin de stabilité des salariés. C’est une forme concrète de flexisécurité à la française. Si l’on devait résumer, le Groupement d’Employeurs permet de construire des emplois durables au service de la compétitivité et des territoires. 

Le portage salarial

Autre alternative, autre cible, avec le portage salarial, réservé aux métiers de la prestation intellectuelle (et aux personnes pouvant générer un minimum de prestations, la rémunération brute minimale hors indemnité étant fixée à 2378 euros par mois pour une activité équivalent temps plein). « On nous pose souvent la question de ce qui différencie le portage salarial des autres statuts, indique Stéphane Pélégry, directeur de l’agence RH Solutions à Toulouse. Le portage salarial donne à un indépendant la faculté de faire payer à une entreprise son statut de salarié. Le porté négocie ses missions qu’il facture à travers nous, transformant ainsi ses prestations en salaire. La société de portage, qui l’emploie en CDI ou en CDD, assurant l’habillage légal. Le porté évite ainsi le Régime social des indépendants (RSI), continue à cotiser au régime général de sécurité sociale, il est perçu comme un expert extérieur à l’entreprise, ce qui facilite son intégration… bref, le portage salarial ne présente que des avantages à l’indépendant, pourvu que celui-ci sache se vendre ! Il permet en outre aux entreprises d’externaliser une partie de leur masse salariale. D’où son succès. Elles sont en effet de plus en plus nombreuses à avoir recours à l’expertise d’indépendants par ce biais. »

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