lundi 16 juillet 2012

Les groupements d’employeurs vont-ils bénéficier des emplois d'avenir ?


Durée, cible, secteur d'activité, financement... Les contours du contrat d'avenir, promesse phare du candidat François Hollande pour endiguer le chômage des jeunes, restent encore très flous. Reste à trouver les secteurs porteurs d'emploi.
Par Anne Bariet pour LEntreprise.com, publié le 04/07/2012 à 15:58

Destinés aux jeunes qui quittent le système sans qualification (120 000 actuellement), ces contrats, calqués sur les emplois-jeunes mis en place par Martine Aubry, en 1997, doivent répondre à un double objectif : " la recherche d'une qualification en vue d'une insertion durable sur le marché du travail ", d'après Michel Sapin, le ministre du Travail. Réservés aux 18-26 ans, le dispositif pourrait s'ouvrir, comme sous le gouvernement Jospin, aux personnes de moins de 30 ans qui n'ont jamais travaillé depuis leur sortie du système éducatif. Ils seront rémunérés au Smic et subventionnés à hauteur de 75% à 80% du salaire minimum. 100 000 contrats pourraient être signés en 2013. Le projet en prévoyait initialement 300 000.
Dans quel secteur ? C'est là toute la question. Car si les emplois-jeunes devaient lancer de nouveaux métiers dans le public et l'associatif, comme aide-éducateur dans les écoles, adjoints de sécurité auprès de la police, les emplois d'avenir butent sur un manque flagrant de perspectives. " Où sont les nouveaux gisements d'emplois capables de transformer ces contrats en CDI ", s'interroge Bernard Gomel, chercheur au Centre d'études de l'emploi (CEE). Les pistes s'orientent actuellement vers les métiers verts et l'économie sociale et solidaire. Mais ces deux secteurs tiendront-ils leurs promesses ?
D'ores et déjà, celui de l'environnement suscite un certain sceptique. David Ascher, directeur du site spécialisé emploi-environnement.com, estime que peu de filières devraient être concernées, hormis celle de la gestion des déchets qui recrute des opérateurs de tri ou des caristes. Le secteur des énergies renouvelables, cité par François Hollande, lors de sa campagne, recherche, lui, des candidats titulaires au minimum d'un bac professionnel. Reste donc à explorer les filières de l'agriculture biologique ou encore du commerce équitable... Mais ces dernières n'embauchent qu'au compte-gouttes.
Vincent Peillon, le ministre de l'Education, a bien sa petite idée : il compte, en effet, " réserver " quelque 30 000 contrats au pré-recrutement d'enseignants, avec des tâches d'accompagnement aux devoirs, de surveillance... pour les étudiants. Mais, dans ce cas, le dispositif devra également s'ouvrir à des jeunes qualifiés.
Benoit Hamon, le ministre délégué chargé de l'Economie sociale et solidaire, souhaite, lui, utiliser ce programme " pour doper le secteur ". Au sein de la petite enfance ou de l'aide aux personnes âgées, des postes d'agent service, d'agent de maintenance ou d'entretien font défaut. Par ailleurs, des pénuries de candidats existent également pour les métiers d'employé à domicile, d'aide-soignant, d'éducateurs de jeunes enfants ou encore d'auxiliaire de puériculture. Mais ce type de postes requiert une " obligation de qualification ", prévient Sébastien Darrigand, délégué général de l'Usgeres, la fédération des employeurs du secteur. D'où la nécessité " de bâtir des parcours certifiants ". Et de cibler les " bons " candidats ; le recrutement de jeunes " trop éloignés de l'emploi pouvant comporter des risques ". La fédération patronale demande, en outre, une " montée en charge progressive des coûts liés à cette embauche, dans un objectif de pérennisation de l'activité et de l'emploi ".
2012 n'a rien à voir avec 1997. Cette fois, en effet, pas question de compter sur les collectivités territoriales, les entreprises publiques, l'Education nationale et la Police, gros recruteurs des emplois-jeunes, pour embaucher. Les contrats d'avenir, déjà plombés par l'austérité ?
Quel est le bilan des emplois jeunes
Qualifié de "réussite indéniable", par le commissariat général du plan, en 2001, le programme des emplois-jeunes, a permis, selon les auteurs de ce rapport, " de réaliser en peu de temps ce que les programmes antérieurs " n'avaient pas réussi à faire, à savoir la création nette d'emplois - 310 000 ont vu le jour- en répondant à une demande sociale réelle. Le programme a été perçu par les jeunes, embauchés pour cinq ans, comme une occasion unique de se stabiliser dans un créneau qu'ils avaient choisi et non comme une orientation de carrière "par défaut". 78% des jeunes sortis du programme estiment, d'ailleurs, avoir acquis des compétences professionnelles, selon une étude de la Dares, publiée en 2003. Même si 10 ans après l'extinction de ce programme, ces jeunes accusent un retard salarial " de l'ordre de 230 euros nets par mois ", par rapport aux jeunes de leur génération, note Bernard Gomel, chercheur au Centre d'études de l'emploi (CEE), qui a participé à l'évaluation. Les secteurs publics et associatifs étant moins rémunérateurs que le privé. En outre, le programme n'est pas épargné par les critiques. Très coûteux, il n'avait pas vocation à devenir permanent. Et le financement initial par l'Etat " n'est pas parvenu à trouver un relais assurant la solvabilisation des activités, tel que le prévoyait le projet ".
Le projet de loi visant à créer 150.000 emplois d'avenir pour les jeunes au chômage sera soumis au Parlement en octobre, a confirmé mercredi après-midi le chef du gouvernement Jean-Marc Ayrault. Michel Sapin a précisé que l'objectif était d'en mettre 100.000 en oeuvre au cours de l'année prochaine.
Les contours et secteurs d'application seront précisés à l'issue de la consultation. Lors de la campagne, l'équipe de François Hollande indiquait qu'il s'agirait de contrats de 5 ans à temps plein, payés au Smic.
Ces emplois seraient réservés aux quartiers populaires et au milieu associatif. Le secteur de l'économie verte pourrait être le premier bénéficiaire.
Coût: évalué à 2 milliards par an lors de la campagne (dans l'hypothèse d'une prise en charge par l'Etat de 75% des salaires et charges).
Dans la matinée du 11 juillet, sur France-Inter, Michel Sapin avait expliqué: "Ce que nous voulons, c'est faire en sorte qu'au cours de l'année 2013, il y ait au moins 100.000 emplois d'avenir qui soient mis en oeuvre". Selon le ministre du Travail, "100.000 emplois d'avenir, c'est 100.000 chômeurs en moins".

Pour mémoire, les groupements d'employeurs avaint bénéficié des emplois jeunes en 1997 dans deux cas :

- pour les emplois d'administration et de gestion, en propre, des groupements (sans mise à disposition du personnel)

- pour des emplois mis à disposition à des adhérents eux même bénéficiaires potentiellement du dispositif (emplois jeunes en temps partagé dans différentes associations)


Le gouvernement consultera dès l’été 2012 les partenaires sociaux et les acteurs locaux sur la mise en oeuvre des "emplois d’avenir", préalablement au projet de loi qui sera présenté dès septembre.


Note d'éclairage de la FONDA sur les emplois d'avenir

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