mercredi 22 juillet 2015

Un intérimaire se fait renvoyer après 700 CDD, il attaque Manpower



L'homme aurait cumulé 700 contrats d'intérim en 30 ans pour la société Manpower, avant de se faire renvoyer car il demandait un CDI


De nombreux intérimaires seraient dans la même situation, préférant se taire plutôt que de perdre leur emploi

Alors que les sociétés d’Intérim annoncent qu'elles vont désormais pouvoir recruter en CDI, un intérimaire qui avoir travaillé pendant 30 ans pour la même entreprise en cumulant plus de 700 contrats d'intérim. Il attaque mercredi Manpower, le géant du secteur, devant les prud'hommes de Bobigny.

Travaillant pour Placoplatre dès 1982, à son arrivée en France, ce Malien de 55 ans a été mis à la porte fin 2013, parce qu'il "avait simplement demandé à être en CDI", raconte Régis Verbeke, le syndicaliste de Force Ouvrière (FO) qui l'a épaulé.

Manutentionnaire, puis cariste, l'intérimaire voulait un contrat stable pour avoir le droit de faire venir sa femme et ses enfants en France, précisé ce délégué syndical central chez Manpower.

Entre 1982 et décembre 2013, cet intérimaire "a réalisé 703 missions" de travail temporaire, allant de deux jours à plusieurs mois, "toujours au profit de Placoplatre", précise son avocat, Harold Lafond.

"C'était un bon soldat. Le matin, il se rendait chez Manpower et il embauchait le jour même" sur un site de production du groupe de matériaux de construction en Seine-Saint-Denis, ajoute-t-il. "Des années, il est resté sans vacances", enchaînant les missions.

Ne pas se plaindre pour garder son emploi
Intérimaire et étranger, dépendant de son travail pour obtenir le renouvellement de son titre de séjour, "c'est le genre de personnes qui endurent et ne se plaignent pas", estime Régis Verbeke.

Selon ce syndicaliste, plusieurs autres intérimaires sont dans des situations comparables mais craignent s'ils saisissent la justice de perdre leur emploi.

L'intérimaire, qui outre Manpower a également assigné le groupe Placoplatre aux prud'hommes, demande la requalification de ses missions d'intérim en contrat à durée indéterminée.

Concrètement, cela ne lui permettrait pas de retrouver son travail, mais il espère pouvoir toucher plusieurs dizaines de milliers d'euros d'indemnités.

Selon le Code du travail, le contrat d'intérim, "quel que soit son motif, ne peut avoir ni pour objet ni pour effet de pourvoir durablement un emploi lié à l'activité normale et permanente de l'entreprise utilisatrice".

Interrogé, Manpower a refusé de s'exprimer avant l'audience, et Placoplatre n'a pas donné suite.

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