lundi 2 mai 2016

Portrait et témoignage: Christophe Hervy, administrateur de la MSA des Charentes et Président du groupement Agem 16.




Se regrouper pour recruter


© Esther Lemoine
Christophe Hervy, administrateur de la MSA des Charentes, est aussi président du groupement d’employeurs Agem 16. © Esther Lemoine


En Charente, un groupement d’employeurs a vu le jour en 2003 pour faciliter l’embauche des travailleurs saisonniers. De la simplification administrative à l’amélioration des durées et des conditions de travail, le point avec Christophe Hervy, administrateur de la MSA des Charentes et président du groupementAgem 16.

Comment est né votre groupement d’employeurs ?

Christophe Hervy : À l’origine nous proposions un service de remplacement essentiellement. Des viticulteurs faisaient appel à nous quand ils avaient un pépin de santé, au moment de la taille, par exemple. Puis, connaissant le service de remplacement, ils continuaient à nous solliciter lors de surplus d’activité.
Ce type de demande étant de plus en plus fréquente, le conseil d’administration a créé un groupement d’employeurs pour du complément de main-d’œuvre.

Qu’est-ce qui fait la spécificité d’Agem 16 ?

C.H. : Habituellement, un groupement d’employeurs rassemble quatre ou cinq chefs d’exploitation pour l’embauche d’un salarié. Agem16 couvre l’ensemble du département de la Charente et même certains cantons limitrophes. Nous avons 150 agriculteurs employeurs (90 % en viticulture et 10 % en élevage) et 280 salariés, pour la plupart saisonniers.
Nous avons une équipe administrative qui gère toute l’embauche, la débauche, la paye, la gestion du planning, le recouvrement, la facturation, etc. Et nous sommes accompagnés par MSA Services sur les aspects juridiques et la communication.

Quels avantages, côté employeurs ?

C.H. : C’est une sécurité et une facilité. Le risque employeur est partagé. Les agriculteurs sont coemployeurs ; en cas de problème avec un salarié ils sont solidaires. Mais, surtout, la gestion de la main-d’œuvre est déléguée au groupement. Ainsi, les aspects administratifs sont simplifiés au maximum. Les agriculteurs n’ont qu’une facture à régler chaque mois.
En fait, on peut faire le parallèle avec la gestion de la comptabilité : autrefois les agriculteurs faisaient leurs comptes eux-mêmes. Ils ont ensuite confié cette tâche à des centres de gestion parce que cela devenait de plus en plus complexe. Pour la main-d’œuvre c’est pareil.

© Daniel Eugène/ CCMSA Image
© Daniel Eugène/ CCMSA Image

Et pour les saisonniers, une opportunité d’accéder à un emploi durable ?

C.H. : Notre objectif au départ était de conclure des CDI. Nous nous sommes rendu compte que les salariés qui connaissent leurs compétences ne recherchent pas cette stabilité. Ils veulent être libres de changer. En fait, les saisonniers ont un profil un peu particulier : ils aiment « papillonner ». Aujourd’hui nous avons quelques CDI mais c’est loin d’être la majorité.

Où trouvent-ils alors leur intérêt ?

C.H. : Nous pouvons les équiper en vêtements de travail pour la sécurité, la pluie, etc. Nous utilisons une partie des fonds du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) pour améliorer la qualité du matériel que nous leur achetons. Nous prévoyons aussi une prime pour les salariés qui font le plus d’heures chez nous, pour les fidéliser. Nous les réunissons deux fois par an, ce qu’ils apprécient particulièrement. Car, au milieu de la vigne, ils sont souvent isolés.
Là, en groupe, ils peuvent faire remonter les problématiques. Les langues se délient. Ils ne sont pas tout seuls face à l’exploitant. Une année nous avons ainsi demandé aux exploitants de prévoir un abri pour que les saisonniers puissent prendre leur repas au sec. Nous sommes un intermédiaire, une sorte de médiateur. S’il y a un problème, les salariés appellent le groupement et nous discutons ensuite avec l’exploitant.

Comment faites-vous pour faire travailler des saisonniers toute l’année ?

C.H. : Nous cherchons à développer des compétences qui leur permettent de travailler à chaque saison. Notre objectif est qu’ils soient employables le plus longtemps possible. Pour cela, nous leur proposons des formations et du perfectionnement (taille de la vigne, bucheronnage, débroussaillage, contention bovine, domestication et soins des animaux, etc.). Notre personnel administratif réalise des entretiens annuels. En fonction des besoins qui ressortent, nous mettons en place des formations financées grâce aux fonds Fafsea et parfois sur nos fonds propres.

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