Extrait de la voix du Nord.fr
Jean-Noël Fénel, 56 ans, un Annœulinois, a roulé sa bosse dans l’industrie automobile. « J’ai travaillé 35 ans pour plusieurs équipementiers. Depuis janvier 2016, j’étais au chômage. » Son profil retient l’attention de Pôle emploi qui recherche des agents de production, des caristes, des retoucheurs… pour l’usine Renault Douai qui doit alors faire face à la montée en production de l’Espace, de la Talisman, et, aujourd’hui, des deux nouveaux Scénic court et long. Beaucoup de postulants, peu d’élus. En juin, il est retenu pour une action de formation préalable à un recrutement (AFPR) après deux présélections organisées au préalable par Pôle emploi et le constructeur. « Sur ce mois de formation, il n’y a que la première semaine qui peut être considérée comme de la formation. Soit trois jours de cours théorique et deux jours en usine pour acquérir l’habileté et les gestes techniques nécessaires sur les différents postes de travail. Les candidats les moins aptes quittent le dispositif. » Avec leurs yeux pour pleurer, dit-il : « La plupart des personnes qui étaient avec moi s’attendaient à 1 000 € pour ce mois. Certains n’ont reçu que 600 euros, d’autres n’ont pas eu un kopeck. Pas de fiche de paie, pas de cotisation aux caisses de retraite. Moi, j’ai transmis un document de refus à Pôle emploi. Je veux une fiche de paie. J’ai travaillé. Je n’accepterai pas une indemnisation pour cette période. J’ai fait 900 km dans le mois pour aller travailler. Pendant trois semaines, nous sommes placés exactement dans les mêmes conditions de travail, postés en 2X8, que le reste du personnel Renault. Les personnes n’ayant pas signé de contrat de six mois sont rappelées généralement quelque temps plus tard pour retravailler chez le constructeur, en intérim. » J.-N. Fénel a décidé d’attaquer aux prud’hommes.
Côté syndicat, on est peu enclin à défendre l’AFPR.
FO, dans un tract, a rebaptisé l’AFP (Arrive, tu te Formes, tu Produis, et tu Repars !), conçu « pour faire baisser la courbe du chômage ». À la CGT, David Dubois, le secrétaire général, s’insurge contre les « contrats » AFPR qui « pullulent ». Il dénonce aussi le groupement d’employeurs Alliance Emploi qui fournit des salariés sur des métiers spécifiques. « Un outilleur P2, par exemple, est payé au SMIC alors qu’il percevrait 200 à 300 € de plus s’il était embauché en direct. Et ils sont soumis à une clause de non-concurrence. »
La direction de l’usine Renault n’a pas souhaité témoigner.
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