mardi 29 novembre 2011

« Le CDI pourrait concerner 10 à 15% du marché de l’intérim »...ou basculer vers les groupements d'employeurs

Le Monde - 28 novembre 2011

« Le CDI pourrait concerner 10 à 15% du marché de l’intérim », selon le patron de Randstad
Créer un contrat à durée indéterminée (CDI) pour les intérimaires. C'est la proposition qu'a lancée, dimanche 27 novembre, Xavier Bertrand, le ministre du travail, sur RTL. L'idée consisterait à autoriser les sociétés d'intérim à embaucher des salariés, qu'elles mettraient ensuite à disposition de leurs clients en fonction des missions, dont ceux-ci ont besoin. Le dispositif, selon M.Bertrand, aurait pour but de"sécuriser l'emploi" de cette catégorie de salariés. Réaction de François Béharel, Président de la filiale française du groupe Randstad, numéro deux mondial de l'intérim avec un chiffre d'affaires d'un peu plus de 14 milliards d'euros, dont 3 milliards réalisés en France.

Depuis maintenant plusieurs années, vous êtes un fervent partisan de la création d'un statut de CDI pour les entreprises d'intérim. Pourquoi?
L'image de l'intérim n'est pas en phase avec sa réalité. Savez-vous ainsi que pour 20% des intérimaires, il s'agit d'un choix personnnel? Par ailleurs, 30% d'entre eux finissent par accéder à un emploi en CDI. L'intérim, synonyme de précarité, ne correspond donc pas, pour une bonne partie, à ce que nous vivons sur le terrain. Il est temps de franchir une nouvelle étape. L'idée qui consisterait à permettre aux sociétés d'intérim d'employer des CDI constitue un maillon indispensable au marché du travail. Cela répond aux besoins des entreprises, qui, dans certaines circonstances, sont à la recherche de souplesse en fonction des à-coups de la conjoncture. Dans une cinquantaine de métiers, il existe une telle pénurie de main d'oeuvre que nous n'aurions aucun mal à proposer à ces salariés un CDI, sans que nous prenions des risques.

Quels métiers cela concerne-t-il?
Le bâtiment, la logitique, l'agroalimentaire... Nous manquons de soudeurs, de grutiers, de comptables, de plaquistes, de routiers. Nous pensons que ce statut de CDI pourrait concerner 10 à 15% du marché de l'intérim, c'est-à-dire 60 à 100 000 personnes. Cela concernerait les intérimaires les plus qualifiés, qui, en tant que "hyper-experts" de leur profession, valoriseraient au mieux leur compétences sur le marché du travail. Il faut savoir que dans toute une série de métiers, 90% des salariés qui obtiennent un CDI viennent de l'intérim.
Pensez-vous que cette mesure pourrait être appliquée rapidement?
Des consultations avec les partenaires sociaux doivent s'engager, car cette mesure nécessite une réforme du code du travail. Mais je suis assez optimiste: certains, après s'être demandés où était le piège, semblent aujourd'hui plutôt favorables à sa mise en place.

L'intérim est bon baromètre de l'activité de l'emploi. Quelle est la situation que vous constatez actuellement?
Depuis la rentrée de septembre, on constate une certaine frilosité liée à l'incertitude économique. Cette prudence ne s'est toutefois pas traduite immédiatement dans le nombre de missions qui nous sont confiées. Elles ont continué à croître. L'aggravation de la crise de la zone euro, depuis octobre, entraîne maintenant un tassement de la demande. Par exemple, le ralentissement des recrutements dans la R&D devient sensible

Note CR : Lorsque l'on sait que 80% des missions d'intérim sont occupées par seulement 20% des intérimaires, il est courant de constater que l'intérim fait du temps partagé lucratif depuis déjà bien longtemps. Le CDI ne serait pas de ce point de vue un révolution mais simplement un moyen de s’accommoder du problème de la limite du renouvellement de missions d'intérim chez un même client...

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