En France le marché de l’emploi fonctionne à deux vitesses. Le CDD qui était le sas d’entrée avant le contrat à durée indéterminée devient un piège pour les chercheurs d’emploi : ils ont de plus en plus de mal à signer un contrat de travail définitif à l’issue d’une période d’essai.
Ceux qui multiplient les contrats à durée déterminée, les missions d'intérim, voire les stages pour les plus jeunes restent bloqués dans des statuts précaires. Ils ne parviennent plus à transformer l'essai, révèle une étude de l'Insee effectuée sur les trente dernières années. En 1982 quatre embauches sur 10 se faisaient en CDD, en 2011, c'est le double, huit recrutements sur 10, au premier janvier c'était 9 sur 10. La part des emplois à durée indéterminée reste stable, c'est encore 90 % des emplois dans le secteur privé, mais il faut prendre son temps pour entrer dans ce club.
Tandis que le CDD est de plus en plus fréquent, et sa durée se raccourcit. Les employeurs multiplient les emplois précaires parce qu'ils trouvent le CDI trop contraignant. C'est coûteux, c'est compliqué de licencier quand l'activité s'évanouit. Du coup les chanceux qui décrochent le fameux CDI hésitent de plus en plus à quitter leur entreprise. On restait en moyenne 6 ans dans une entreprise, c'est maintenant 10 ans. C'est donc un phénomène qui s'auto alimente.
Cette dualité du marché existe dans d'autres pays européens ?
On la retrouve à travers toute l'Europe, à des degrés divers, mais en France où la croissance est en panne, c'est devenu un frein à l'emploi, un piège à chômeur. En Italie la fragmentation du marché est encore plus marquée qu'en France. Moins d'un salarié sur 2 est en CDI. Les jeunes sont littéralement exclus de l'emploi, 42 % d'entre eux sont au chômage.
Pour y remédier, Matteo Renzi a sorti l'artillerie lourde. Il veut réformer le CDI, hyper protégé par le fameux article 18 du Code du travail qui prévoit une forte indemnisation et le recours en justice en cas de rupture du contrat. Son projet hérisse déjà sa propre majorité. Pas sûr qu'il arrive à ses fins. En France même le patronat n'a pas osé remettre en cause le CDI dans la boite à idées présentée aujourd'hui pour créer un million d'emplois.
Quelles sont les autres pistes envisagées pour dégripper le système ?
L'idée n'est donc pas de supprimer le CDI qui permet à chacun de réaliser sereinement ses projets de vie. Avoir un enfant par exemple, ou acquérir ou agrandir son logement. Mais de rétablir les passerelles vers ce contrat sécurisant. Le Medef propose aujourd'hui un contrat intermédiaire, baptisé contrat de projet. Il durerait le temps d'une mission à l'instar de ce qui se fait dans le bâtiment. À noter qu'il existe depuis ce printemps un autre contrat hybride, dans le secteur de l'intérim.
Ceux qui l'acceptent sont rémunérés par l'agence d'intérim, y compris entre deux périodes de travail, cela leur donne une plus grande sécurité. L'autre axe consiste à promouvoir le CDI en décourageant le recours au CDD. Le gouvernement italien a fixé un seuil maximum de 20 % de CDD par entreprise, en contrepartie la durée maximale du CDD a été portée de 12 à 36 mois. Cette mesure entrera en vigueur en 2015.
À la surprise générale, le commissaire à la concurrence Joaquin Almunia a déclaré aux parlementaires européens qu'une nouvelle enquête pourrait être ouverte. Le champion américain risque des années de procédure et une amende record de 6 milliards d'euros.
La contribution des groupements d'employeurs à inverser cette lourde tendance n'est hélas pas visible d'autant que les groupements d'employeurs ont globalement eux aussi fortement recours aux CDD.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire