La barre des 3,6 millions de demandeurs d'emploi sera atteinte en métropole à la fin de l'année.
L'inversion de la courbe du chômage est bel et bien enterrée pour 2015. Selon les nouvelles prévisions de l'Unedic publiées vendredi, il y aura au contraire à la fin de l'année encore plus de chômeurs inscrits à Pôle emploi. Le gestionnaire du régime d'assurance-chômage anticipe désormais 104.000 chômeurs de plus en catégorie A (sans aucune activité). Il se montre même nettement plus pessimiste que dans ses dernières prévisions de septembre, où il tablait sur 96.000 chômeurs supplémentaires en 2015, ou encore dans celles de mai où il évoquait «seulement» 60.000 chômeurs de plus. Fin 2015, la barre des 3,6 millions de chômeurs en catégorie A sera donc quasiment franchie en métropole. Bien que mauvais, ces chiffres marquent toutefois un ralentissement par rapport à 2014, qui aura encore vu arriver au total 182.000 nouveaux inscrits sans aucune activité à Pôle emploi.
Cette nouvelle dégradation des prévisions de l'Unedic, la troisième en un an, est liée «à des anticipations de conjoncture revues à la baisse depuis le mois de septembre», a précisé l'organisme paritaire. Alors que le gouvernement table toujours sur 1 % de croissance cette année, le consensus des économistes prévoit, lui, une progression du PIB de 0,8 % en 2015, après 0,4 % en 2014.
26 milliards de dette
L'Unedic prévoit 23.000 créations nettes d'emploi en 2015, l'économie recommençant à créer des postes à compter du deuxième trimestre. Une prévision qui marque toutefois une rupture avec les années précédentes, 2014 ayant au final détruit 79.000 emplois salariés.
Ces prévisions ont en tout cas des conséquences dramatiques sur les finances du régime de l'assurance-chômage. En septembre, l'organisme prévoyait encore une amélioration en 2015, avec «seulement» 3,5 milliards d'euros de déficit (contre 3,9 milliards en 2014). Celui-ci est désormais attendu à 4,4 milliards. Quant à la dette (les déficits cumulés), elle progressera de 20 % sur la même période pour frôler 26 milliards d'euros. Un résultat qui aurait pu être pire sans l'entrée en vigueur de la nouvelle convention d'assurance chômage, le 1er juillet.
Il reste que l'une de ses mesures emblématiques, les droits rechargeables, qui permettent à chaque chômeur d'accumuler de nouveaux droits à indemnisation à chaque fois qu'il retrouve un emploi, lèsent certains d'entre eux. Selon une note de l'Unedic, 30.000 toucheraient en année pleine des allocations inférieures à ce qu'ils auraient eu dans le précédent régime. Une épine dans le pied des gestionnaires de l'assurance-chômage, qui vont bientôt se saisir de ce dossier.
Moins de 3 millions de CDI ont été signés en 2014, le total le plus bas depuis 2009.
Beaucoup de salariés et de chômeurs en rêvent, mais de moins en mois l’obtiennent : les contrats à durée indéterminée (CDI) se font rares. Au quatrième trimestre 2014, selon les données provisoires publiées hier par l’Acoss (la banque des Urssaf), seuls 722.000 ont été signés. Ce total recule pour le quatrième trimestre de rang (– 1,7 %) et constitue même un point bas qui n’avait plus été atteint depuis cinq ans. Au final, 2.961.000 CDI ont été signés sur l’année. C’est 30.000 de moins qu’en 2013 et, surtout, le plus faible total annuel depuis 2009, au cœur de la crise. En 2011, par exemple, l’Acoss avait enregistré 3,4 millions de CDI. C’est une nouvelle preuve de l’attentisme des employeurs et un signal peu encourageant avant la publication, mardi, des chiffres du chômage de décembre.
Un bilan nuancé
Le sursaut des embauches en CDD de plus d’un mois vient nuancer le bilan du quatrième trimestre. Avec une progression de 2,3 % en trois mois, elles permettent même à l’ensemble des recrutements de plus d’un mois, hors intérim, de légèrement rebondir au dernier trimestre (+ 0,6 %) et d’être stable d’une année à l’autre, avec un total de quelque 6,85 millions en 2014 comme en 2013. L’évolution comparée des embauches en CDI et de celles en CDD témoigne toutefois que 2014 aura vu le marché du travail continuer de se précariser. Ce constat fait écho à une autre étude, publiée début décembre par le ministère du Travail, qui pointe que la part des CDD dans les embauches atteint un niveau record (84 %) et que ces contrats sont de plus en plus courts.
Au quatrième trimestre 2014, précisent les données de l’Acoss, le rebond des embauches de plus d’un mois a été porté quasi exclusivement par les petites entreprises de moins de 20 salariés. Elles ont été dynamiques dans la construction (+ 3,1 %) et l’industrie (+ 1,8 %), mais ont gagné le tertiaire, où on retrouve traditionnellement quelque trois quarts des embauches. Les évolutions territoriales sont aussi contrastées. Comparées au dernier trimestre 2013, les embauches de plus d’un mois sont en repli dans la plupart des régions, en particulier en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, en Lorraine et dans le Limousin. A l’opposé, six régions enregistrent une hausse : la Corse, la Bourgogne, l’Alsace et tout le Nord-Ouest (Bretagne, Basse-Normandie, Haute-Normandie).
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