Extrait du mensuel Le nouvel économiste
L’ordonnance du 1er avril 2015 définit un cadre clair à l’activité de portage salarial. Aujourd’hui, un certain nombre de définitions et grands principes sont posés comme l’autonomie, l’expertise et la qualification. Il est ainsi dit que le portage salarial ne peut s’adresser qu’à des consultants hautement qualifiés, qui savent faire preuve d’une grande autonomie. La commission moyenne d’une entreprise de portage salarial se situe entre 8 et 10 % du montant du salaire, duquel auront bien sûr été déduites les charges sociales. Mais en regard de la lourdeur de la gestion administrative dans le cadre des professions libérales par exemple, ce pourcentage est faible.
Le réseautage avant tout
Le portage salarial et les autres formes de travail à temps partagé multiplient les avantages pour le professionnel. Lorsqu’il travaille en temps partagé, le cadre est en permanence en veille et plus ouvert sur son environnement, car il va œuvrer au sein de différents univers. “Nous restons dans des structures à taille humaine. Du fait de la diversité de nos clients, le travail devient très épanouissant. Il est possible de s’aménager des plages de temps libre. Ceci correspond à une envie actuelle qui est de ne pas subir son travail. La digitalisation de la société facilite le travail sous cette forme, poursuit David Bibard, lui-même contrôleur de gestion en temps partagé. Pour certains professionnels, il s’agit d’une voie pour le retour à l’emploi. C’est souvent un plan B qui se transforme en plan A. Pour ma part, je travaille depuis 5 ans avec la même entreprise pour la clôture mensuelle des comptes. Je n’interviens que pour ce besoin précis, donc quelques jours par mois.”
Les autres visages du temps partagé
Le professionnel peut ainsi passer par le multi-salariat. Il peut aussi opter pour la prestation de services en tant qu’indépendant, en autoentreprise ou profession libérale. Mais il lui faudra dans ce cas intégrer toute la partie commerciale – savoir vendre ses propres compétences – et administrative. Quelle que soit la formule retenue, la patience et le développement de son réseau sont deux incontournables. En effet, une “touche” ne peut se révéler fructueuse que plusieurs mois après, et ce marché ne se structure pas encore complètement autour des petites annonces et autres plateforme d’indépendants proposant leurs compétences.
Opérant sur ce type d’organisation du travail, les ETTP (Entreprise de travail à temps partagé) vendent des prestations auprès d’autres entreprises. Ce sont elles-mêmes qui vont salarier les cadres (voir en encadré l’interview de Thibault Cornudet). Les cadres qui souhaitent opter pour le travail à temps partagé peuvent également se rapprocher de l’une des 30 associations promouvant ce mode d’organisation, chapeautées par la FNATTP. Que recherchent les professionnels qui adhèrent à une structure de ce type ? Selon Bernard Anglezy, ils ont généralement deux objectifs bien précis : “d’une part, se créer du réseau, car l’un des problèmes majeurs de ces cadres est de savoir se vendre. D’autre part, ils savent que chacun peut profiter des recherches de missions des autres. Il est toutefois bien clair que ce type de structures associatives ne se pose pas en concurrents des sociétés d’intérim ou de chasseur de têtes”.
Autre possibilité, mais qui concerne davantage les non-cadres : il s’agit du groupement d’employeurs sous forme d’association à but non lucratif. Ce groupement va salarier par exemple une assistante à temps plein qui va travailler pour plusieurs entreprises. Il salarie la personne qui est donc en CDI. Il va également établir son emploi du temps avec les différents employeurs.
Ces groupements d’employeurs peuvent salarier des profils et des niveaux de qualification très divers. Le plus important groupement d’employeurs français est spécialisé dans l’industrie automobile.
Bon pour les PME
Si le professionnel va bénéficier des nombreux avantages liés au travail à temps partagé, l’entreprise va, bien entendu, également y trouver son compte. Pour piloter au mieux sa trésorerie, s’engager sur un nouveau marché, s’adapter à une nouvelle réglementation ou tout simplement clôturer ses comptes, le dirigeant d’une PME aimerait souvent bien s’appuyer sur les compétences d’experts, mais il n’a pas toujours les moyens, ni les besoins sur le long terme, de recruter en CDI. La mission sera réalisée en un temps et un coût précis qui auront été fixés au préalable, ce qui est rassurant et sécurisant pour le chef d’entreprise comme pour le consultant. “L’intérêt du temps partagé est à ce niveau : l’entreprise va pouvoir trouver une personne qui a une expertise pointue, qui peut travailler sur le long terme avec l’entreprise et qui apprécie de travailler pour plusieurs employeurs. En tant que prestataires de services, nous amenons une vraie souplesse pour l’entreprise et une flexibilité réelle par rapport à un emploi régit par le code du travail”, assure David Bibard.
Pour quels métiers ?
Quels profils ?
Le travail à temps partagé, dans ses différentes formes, est adapté à toutes les catégories de métier, mais aujourd’hui, certains secteurs sont plus concernés. Il en est ainsi des professions liées à l’informatique, à la qualité, aux ressources humaines, à la communication, à la formation, au marketing, au digital, etc. Une majorité des métiers liés aux besoins et aux fonctions supports de l’entreprise peut donc être exercée sous forme de temps partagé. “Les consultants qui se trouvent chez nous ont une quarantaine d’années, avec un salaire moyen assez élevé qui tourne autour de 4 000 euros mensuels. Ces experts ont fait véritablement le choix de l’autonomie”, souligne pour sa part Éric Atlani, fondateur du groupe Ascalium.
Pour beaucoup, le portage salarial représente une phase transitoire avant de se lancer, par exemple, dans la création d’une entreprise. Si l’activité fonctionne correctement, la personne a, en effet, souvent intérêt à créer ensuite sa propre structure. Mais il est important d’avoir un esprit entrepreneur et de ne pas avoir peur de jongler avec les missions. “À titre personnel, j’ai été responsable commercial dans la communication ; j’ai quitté l’entreprise à 55 ans et la problématique a été de retrouver un emploi, ce qui, à cet âge, s’est révélé pratiquement impossible. J’ai découvert alors cette façon de travailler à temps partagé. Dans un premier temps, il s’est agi de répondre à un besoin, à savoir le retour à l’emploi ; dans un second temps, le temps partagé m’a permis d’être complètement acteur de mes compétences. J’ai donc transformé mon CV en une offre de service”, relate Bernard Anglezy.
Note CR : Le modèle des Entreprises de Travail en Temps Partagés (ETTP), actuellement très confidentiel, tend rapidement à disparaître depuis que le CDI Intérimaire a été assoupli et que l'ordonnance du 1er avril 2015 a définit un cadre clair à l’activité de portage salarial.
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Je me permets d'apporter mon témoignage à cet article en tant que consultant indépendant porté depuis 5 ans. Je trouve que le portage salarial est méconnu et souffre d'une image négative auprès des cadres.
RépondreSupprimerJe souhaitais développer mon activité dans le marketing et la communication en temps partagé, sauf que les entreprises ne sont pas prêtes "à partager" de cette façon et n'ont pas confiance dans cette solution.
En revanche le portage salarial m'a permis de proposer mes services de marketing externalisés à des entreprises qui sont tout à fait habituées à acheter des prestations intellectuelles. De plus je pensais quel e portage était plutôt réservé aux consultants informatiques placés chez un client et il n'en est rien. Je facture une dizaine de clients chaque mois avec parfois des petits montants et cela est parfaitement intégré à ce statut.
Pour ceux qui souhaitent en savoir plus je propose cet article : http://ow.ly/V0ZU9 très documenté sur la question et très simple à lire.
Bonne continuation
Jean