Les Echos.fr le 12/12/2016
Un décret de la loi travail les rend désormais éligibles à toutes les aides à l'embauche.
On en compte 3.852, ils emploient environ 40.000 personnes en équivalents temps plein, en CDI en majorité, et les premiers ont vu le jour il y a trente ans. Et pourtant, en dehors du monde agricole qui représente près de 90 % des troupes, ils sont très peu connus. Les groupements d'employeurs, ces associations qui mettent à disposition de leurs entreprises adhérentes, TPE ou PME, des spécialistes à temps partiel dont elles ont besoin, mais qu'elles n'ont pas les moyens d'embaucher, vont connaître une évolution importante : un décret de la loi travail, publié ce mercredi, les rend désormais éligibles à toutes les aides en matière d'emploi et de formation professionnelle
Prime à l'apprentissage, aide à l'embauche d'un premier salarié, pour les PME ou encore contrat de génération... L'arrêté accompagnant le décret ouvre l'accès à onze aides qui s'ajoutent au Cice ou aux contrats d'insertion déjà accessibles. L'objectif ? « Lever le frein au développement » des groupements d'employeurs en leur donnant accès à des coups de pouce dont auraient bénéficié leurs adhérents s'ils avaient embauché eux-mêmes.
Lever un frein important
Autre changement important, les salariés mis à disposition seront comptabilisés dans les effectifs des adhérents pour alléger les obligations de seuil de leurs groupements en matière d'emplois pour handicapés ou de formation professionnelle. Les dispositions relatives aux maîtres d'apprentissage seront également appréciées au niveau de l'entreprise utilisatrice. Enfin, les restrictions liées aux collectivités locales ou aux coopératives agricoles sont levées. La ministre du Travail aura l'occasion de préciser tout ces changements ce mardi, lors d'une visite auprès de plusieurs groupements opérant à l'aéroport de Roissy (GE Aero, Aero...).
Pour Philippe Faucon, le président de la Fédération nationale des groupements d'employeurs agricoles et ruraux, l'accès à ces onze aides lève effectivement un frein important, compte tenu des moyens limités des adhérents. « Cela fait deux ans que nous portions cette demande », rappelle-t-il. Les baisses de cotisations liées aux effets de seuil vont également dans le bon sens. Pour autant, ces mesures ne vont pas faire exploser l'emploi, mais plutôt faire basculer des exploitants dans des groupements, tempère-t-il. Le principal frein au développement de ces structures, tient au fait qu'elles sont méconnues, des politiques notamment.
Bertrand Biechy lui non plus n'entrevoit pas de révolution, en tout cas pour ce qui concerne le groupement dont il est le directeur. Geyvo, qui oeuvre depuis 2007 dans les Yvelines et le Val-d'Oise, plutôt dans le secteur marchand, compte 90 adhérents et 25 salariés spécialisés dans les fonctions support. « La liste des aides concerne beaucoup les apprentis, qui sont recrutés en direct, ou la culture », souligne-t-il. Lui aussi met en avant le manque de notoriété des groupements, à l'inverse des « Ubers like » ou des autoentrepreneurs, malgré la pérennité de l'emploi offerte, qui profite en très grande majorité à des demandeurs d'emploi. « Il faudrait un sponsor politique », imagine-t-il.
MUTUALISATION
Nés en 1985, les groupements d'employeurs ont essaimé dans le monde rural, en permettant à quelques exploitants de décliner à la main-d'oeuvre une vieille habitude de mutualisation du matériel agricole. Le principe : un salarié partage son temps de travail entre les adhérents, au mois, à la semaine, voire dans certains cas à la journée. La fréquence de passage d'un adhérent à un autre dépend de la spécialité.
Un prochain article sera publié pour donner le détail de cette liste limitative de onze aides désormais éligibles au groupement d'employeurs avec les références du décret et de l'arrêté visés dans cet article