La bascule des cotisations salariales "maladie" et "chômage" vers la CSG se fera en deux temps en 2018, permettant à Bercy de faire coup double pendant au moins 10 mois au niveau fiscal. Pour la presse, cette "astuce sera difficile à défendre" même si le gouvernement est "obligé de différer ses promesses pour boucler son budget 2018".
Au cours de sa campagne, Emmanuel Macron a promis de supprimer les cotisations chômage (2,4%) et maladie (0,75%) payées par le salarié pour transférer ces sommes vers la CSG, à l'assiette plus large, dont le taux passera de 7,5% à 9,2% (+1,7 point) au 1er janvier prochain. Une première baisse de ces cotisations d'"un peu plus de deux points" de pourcentage interviendra bien dès le 1er janvier, tandis que la suppression définitive est programmée pour septembre-octobre 2018.
"DIFFICILE DE TOUT FAIRE EN MÊME TEMPS"
En déplaçant ces 20 milliards d'euros des cotisations salariales vers la CSG, le gouvernement souhaite redonner du pouvoir d'achat aux actifs, soumis selon lui à "une pression fiscale excessive". Selon Bercy, cette bascule devrait "redonner 7 milliards d'euros de pouvoir d'achat aux salariés. La suppression des cotisations salariales donnera un "gain net de pouvoir d'achat de 1,45% pour tous les salariés, soit 260 euros par an pour un salarié au Smic", poursuit le ministère. "21 millions de Français verront alors leur revenu net amélioré".
Difficile de tout faire en même temps", note Guillaume Guichard du Figaro qui reconnaît que l'exécutif est "obligé de différer ses promesses pour boucler son budget 2018". "Emmanuel Macron vient de déroger à sa fameuse règle du "en même temps'", ironise Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne.
De son côté Libération dénonce "l'astuce de Bercy pour faire des économies" et sous la plume de Lilian Alemagna estime que la réforme "en deux temps" sera "difficile à défendre au moment où les très grandes fortunes seront protégées de cette hausse de CSG (...) et ce, dès 2018". De son côté, Guillaume Goubert dans La Croix avoue que "cela ne va pas contribuer à rendre plus populaire cette modification des prélèvements obligatoires".
"TOUR DE PASSE-PASSE"
"L'été fiscal n'est décidément pas de tout repos pour le gouvernement", renchérit Renaud Honoré dans Les Échos qui pense que "ce tour de passe-passe du gouvernement" n'a "pas de quoi arranger la réputation d'une réforme guère populaire dans l'opinion". Toujours dans Les Échos, Jean-Francis Pécresse relativise et trouve qu'il "faut se réjouir" que le chef de l'État ait "la sagesse de calibrer sa promesse de gain de pouvoir à l'aune de nos engagements budgétaires".
Dans son document d'orientation budgétaire, le gouvernement prévoit un déficit de 2,7% en 2018. Mais Édouard Philippe s'est empressé de préciser qu'il n'était pas un "fétichiste du chiffre" et qu'il visait surtout un déficit l'an prochain sous la barre des 3% imposée par les traités européens.
Car avec des baisses d'impôts de 11 milliards d'euros programmées (réforme de l'ISF, suppression de la taxe d'habitation, prélèvement forfaitaire unique sur les revenus de l'épargne), tenir le cap des 2,7% promet d'être ardu. La baisse en deux temps des cotisations salariales permettra au gouvernement de dégager des recettes supplémentaires. Les caisses de l'État se rempliront à la fois de la hausse de la CSG et de la part des cotisations salariales qui n'auront pas encore été supprimées
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