Martial Bouton, Président du Syndicat National des Groupements d’Employeurs (SNGE) nous fait la faveur de répondre à quelques questions sur ces associations
atypiques. Il nous offre sa vision d’un secteur qu’il maîtrise parfaitement pour y exercer des responsabilités depuis de
nombreuses années.
Diriez-vous qu’il existe différents types de
groupements d’employeurs (GE) ?
Juridiquement non ; l’étude GESTE a
introduit la confusion en présentant
plusieurs typologies de GE. Tous les GE
respectent les mêmes principes : accord
de la DIRECCTE à la création ; principe
de solidarité des entreprises adhérentes ;
mises à dispositions d’emplois durables et
déprécarisés.
Par contre des GE peuvent volontairement
être mono sectoriels, ou multi sectoriels, et
encore pour d’autres avoir une palette de
services très large aux adhérents.
Notre CR : il convient de préciser que le code du travail consacre bien différents types de groupements d'employeurs selon qu'ils ressortent par exemple d'une seule ou plusieurs CCN, qu'il s'agisse de GEIQ, de services de remplacement ou de GE mixtes public/privé. Il existe aussi de grandes différences entre GE selon qu'ils sont organisés sous la forme d'association ou de société coopérative.
Au-delà de leur activité, les GE ont-ils un
impact local et social autre comme par
exemple du mécénat ?
Cela n'est pas du mécénat.
Par contre, effectivement, un GE peut
avoir une forte implication en matière
de Gestion Territoriale des Emplois et
des Compétences. Il peut créer des
certificats de compétences territoriaux
en amenant des salariés à effectuer le
même métier dans des secteurs d’activité
différents, par exemple des conducteurs
de lignes ou des préparateurs de
commandes qui peuvent intervenir dans
l’automobile, dans la logistique ou encore
dans l’agroalimentaire. Cela assure
l’employabilité des salariés (en cas de
difficulté économique d’un secteur).
Le GE peut également être l’outil des
adhérents pour la gestion de leurs futurs
emplois. Par exemple, VENETIS a intégré
1000 CDI en 20 ans chez ses adhérents.
Le GE peut également être la plateforme
de partage de son territoire, source de
projets collaboratifs, exemples : 22 crèches
interentreprises en France, 12 groupes
d’achats, clubs RH.
Comment s’articulent les relations entre
les responsables RH des entreprises et le
groupement ?
Quand le RH a bien compris le dispositif,
c’est du bonheur et une vraie relation de
confiance s’instaure. Le GE est un dispositif extraordinaire en matière de responsabilité
sociétale de l’entreprise.
Le GE est souvent la ressource RH de son
adhérent, en particulier dans les petites
entreprises non pourvues de personnel RH
en interne.
Quels sont les avantages et les
inconvénients de la structure associative
du GE comparativement à une société
commerciale d’intérim ?
Il ne faut pas opposer les deux dispositifs, ils sont complémentaires.
Les 130 000 salariés des GE (y compris
agricoles) ne vont pas concurrencer les
centaines de milliers d’intérimaires.
Le GE est la propriété des employeurs qui
fondent le GE. Ce sont eux qui fixent les
taux de facturation, les règles de vie et de
cooptation.
Le GE apporte-t-il uniquement de bonnes
choses aux salariés et aux dirigeants ?
C’est la proposition d’un CDI, donc l’accès
au logement et à la banque facilité. C’est aussi l’occasion d’une expertise rapide
et démultipliée puisque on apprend plus
et plus vite en intervenant dans plusieurs
entreprises, voire sur plusieurs métiers.
Pour l’entreprise, c’est l’assurance d’avoir
la bonne compétence, au bon moment et
pour la durée juste nécessaire et au bon
moment. Les formalités de recrutement et
administratives sont assurées par le GE.
Le GE pour le salarié comme pour l’entreprise
est un employeur RESPONSABLE.
Créés en 1985, cette formule pleine de
qualités ne connaît pas le succès qu’on
pourrait en attendre. Pourquoi les GE ne
sont-ils pas plus répandus aujourd’hui ?
Ils travaillent comme des artisans (au
sens noble du terme) dans l’obscurité,
souvent sur un petit territoire. Chacun a son
propre nom, chaque entité est socialement
différente. On s’appelle Manpower ou
Adecco que l’on soit à Paris, Lille, Nantes,
Bordeaux ou triffouilly les oies.
La règlementation extrêmement contraignante,
n’est toujours pas aboutie et elle a été
modifiée près de 25 fois en 30 ans ! L’intérim
poursuit un lobbying fort contre les GE.
Quelle est la nature de vos échanges avec
les pouvoirs publics et les administrations
pour promouvoir les GE ?
Excellente, il y a une bonne écoute pour
la compréhension et la promotion d’un
dispositif pas toujours très bien connu. J’ai
sensibilisé tous les Présidents de conseils
régionaux, les patrons des DIRECCTE ; nous
sommes en relations avec les différents
Ministères et les partenaires sociaux.
Y a-t-il des limites à ce modèle ?
Non, les GE peuvent résoudre une grande
partie du temps partiel subi.
Que pensez-vous de la réglementation
actuelle sur les GE ? Est-elle suffisante ?
trop restrictive ? Que faudrait-il changer ?
La règlementation reste très contraignante
et inégale par rapport aux conditions
sociales et fiscales accordées aux sociétés
in Martial we trust
RépondreSupprimerLe SNJE a d'excellentes relations avec les services de l'Etat. Bonne nouvelle ! mais on est en droit de se demander si les services de l'Etat prennent au sérieux les diverses associations et syndicats regroupant les GE.
RépondreSupprimerLe statut n'évolue pas et aucune des 9 revendications du SNJE communiquées via le Blog de Cédric Ruellan n'ont été prise en compte par l'Etat.
On ne peut donc que se poser la question de l'utilité de ce nouveau syndicat surtout quand il se satisfait de l'administration qui a l'air de pas du tout s’intéresser aux GE.