jeudi 23 juin 2016

Groupements d'Employeurs en Belgique : Le cadre juridique risque de disparaître d'ici un an

Groupements d’employeurs belges : prolongation d’un an mais incertitude sur l’avenir du système




Le système des groupements d’employeurs vient d’être prolongé par l’arrêté royal du 26 mai 2016 pour une année supplémentaire. Les entreprises qui souhaitent constituer un groupement pourront donc encore introduire une demande jusqu’au 1er juillet 2017. Parallèlement, les travaux des partenaires sociaux au CNT se retrouvent plus que jamais au point mort.
L’AR du 26 mai 2016, publié le 9 juin 2016 au moniteur belge, prolonge le système des groupements d’employeurs pour un an. Il s’agit d’une seconde prolongation d’un système qui se voulait pourtant temporaire, en l’attente d’une réforme qui devait émaner des partenaires sociaux au CNT. Ceux-ci s’étaient en effet engagés à préciser, dans une CCT cadre, une série de points importants tels que la commission paritaire compétente pour le groupement ou la question de la rémunération des travailleurs mis à disposition par le groupement.

En raison du fait que la CCT cadre était encore en négociation au début de l’année et afin de ne pas créer de vide juridique au moment où l’AR prévoyant temporairement la procédure de demande d’autorisation arriverait à échéance (soit au 1er juillet 2016), les partenaires sociaux ont invité le ministre de l’Emploi à prolonger le système dans l’avis n° 1973 du CNT du 23 février 2016. C’est à présent chose faite : les entreprises qui souhaitent constituer un groupement pourront donc encore déposer une demande au SPF Emploi jusqu’au 1er juillet 2017. Comme le prévoit la réglementation, les groupements qui seront constitués sur cette base temporaire pourront en principe continuer à fonctionner après cette date.

Parallèlement à cette prolongation, nous devons déplorer le fait que les travaux des partenaires sociaux sont une nouvelle fois arrivés dans une impasse depuis la fin du mois de mai 2016. Un accord final sur une CCT cadre était pourtant à portée de main. Néanmoins, après consultation interne, les organisations syndicales ont estimé qu’elles ne pouvaient pas donner leur accord sur le projet de CCT cadre en raison d’un risque d’abus potentiel, remettant ainsi en cause des années de négociations.

On peut donc à présent s’attendre à ce que le gouvernement fédéral reprenne la main dans ce dossier, la réforme du système des groupements d’employeurs faisant partie du dossier plus global du « travail faisable » du ministre de l’Emploi. Avec quelles conséquences ?

Note CR : Le dispositif n'a malheureusement pas connu le succès espéré, notamment sur le projet Arcelor Mittal dont la constitution devait faciliter le reclassement des salariés sidérurgistes belges licenciés par ce groupe. Si les GE disparaissaient de Belgique se serait un coup dur pour le développement européen des GE soutenu par le Centre européen des groupements d'employeurs présidé depuis 2008 par France Joubert. En dehors de la Belgique le développement de la formule "GE" est quasi anecdotique.

1 commentaire:

  1. Depuis l'apparition de son cadre légal en 2000 et en particulier depuis son assouplissement en 2014, le groupement d'employeurs est en Belgique dans une situation transitoire : le gouvernement et les partenaires sociaux ayant souhaité se réserver le temps d'appréhender sa mise en oeuvre et les éventuelles dérives à corriger. De plus, il restait à définir et organiser le principe du « user pay », qui veut que le travailleur partagé voit son salaire adapté au barème de chacune des entreprises au sein desquelles il preste.

    Le succès des groupements est effectivement resté confidentiel, et commence seulement à décoller en Wallonie (9 sont actifs en Belgique – voir leur carte ici : www.groupementemployeurs.be/Fonctionnement, et plusieurs sont en constitution actuellement). Cela étant, le gouvernement souhaite lui donner enfin un cadre légal stable et pérenne, espérant ainsi « débloquer la situation ».

    S'il est exact que les partenaires sociaux n'ont pas réussi à s'entendre sur une proposition commune (et en particulier sur le principe du « user pay ») à soumettre au gouvernement, ce dernier n'entend pas supprimer le dispositif. En témoigne un article publié ce 26 juillet par le Ministre des PME, Willy Borsus, affirmant sa volonté de promouvoir les groupements auprès des entreprises.

    Le ministre de l'Emploi, Kris Peeters, a donc pris l'initiative et a récemment adressé aux partenaires sociaux un projet de loi sur la flexibilité du travail en Belgique qui intègre des changements pour les GE ; il ne s'agit donc nullement de disparition. Tous les points du projet ne sont pas positifs, et notamment la limitation du nombre de travailleurs (plafonné à... 10) qu'un groupement peut normalement engager, mais certains vont dans le bon sens, tel que l'assouplissement de la formule d'agrément. Le Centre de Ressources pour les GE de Wallonie compte bien intervenir pour faire comprendre les réalités de terrain et éviter les dispositions inutilement contraignantes !

    Vous trouverez déjà ici la réaction d'un des partenaires sociaux (UCM : syndicat de PME) à ce projet de loi (http://www.ucm.be/Actualites/Le-projet-de-modernisation-du-droit-du-travail-On-a-loupe-le-coche-pour-les-PME).

    P Neuray
    Président
    CRGEW asbl

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