extrait de sudouest.com
La reprise est là, mais elle se heurte à une pénurie de main-d’œuvre
Tant voulue et si longtemps attendue, elle est là. La fameuse reprise qui semblait avoir définitivement déserté le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) est là « depuis un an », estime Laurent Gonthier (en photo), codirecteur du Geiq 24. « L’activité reprend surtout dans le bâtiment pour ceux qui n’ont pas disparu », poursuit l’autre codirecteur, Philippe Fagette (en photo).
Sauf que cette « bonne nouvelle » est tempérée par un manque de main-d’œuvre. Il estime à « une vingtaine », le nombre de postes en contrat à durée indéterminée (CDI) non pourvus par sa structure. Et sur la Nouvelle-Aquitaine, ce nombre serait de 3 000, pour le BTP.
« Un problème sociétal »
Pour recruter, le Geiq a tout essayé. Pôle emploi ? « Le taux de retour est catastrophique. » Les Missions locales ? « Ils ne savent pas ce qu’est l’emploi, ce n’est pas dans leur vocabulaire. » Les petites annonces sur Internet ? « Le BonCoin montre ses limites, même les boîtes d’intérim passent par là. » Ils ont même été jusqu’à instituer un système de primes pour ceux qui parrainent un futur embauché. « Mais nous avions l’impression de faire dans la prostitution. Il ne nous reste que le bouche-à-oreille. » Dernièrement, ils ont loué « 25 emplacements en 4x3 » pour faire de la publicité sur Bergerac. « Nous n’avons eu aucun retour. À croire que les gens ne veulent plus bosser. »
Ce déficit de demande serait à mettre sur le dos d’un certain nombre de mesures, type la Garantie jeunes, « complètement contre-productive » : « Depuis sa mise en place, en 2015, nous ne voyons plus de jeunes. » Mais il y a d’autres causes plus profondes. Pierre Gaillard, qui préside les Geiq de la Nouvelle-Aquitaine, le dit sans détour : « Les gens ont toujours la même idée en tête : ‘‘Si t’es con, que tu sais rien faire, alors tu seras maçon.’’ » « C’est un problème sociétal, rebondit Laurent Gonthier. Nous faisons des forums de l’emploi avec des patrons qui cherchent à embaucher et nous n’avons personne qui vient. On a les offres, on a les formations, elles sont financées, le chômage est haut, mais les gens n’ont pas envie. » « Je crains que nous ayons devant nous une génération qui ne veut pas se faire violence pour travailler », regrette son collègue.
Conséquences en cascade
Les conséquences sont multiples. Outre la hausse des coûts de la main-d’œuvre, la crédibilité d’entreprises est en jeu. « On ne peut pas refuser de chantier », explique Pierre Gaillard, qui dirige par ailleurs une entreprise d’électricité à Montagnac-la-Crempse. Mi-figue mi-raisin, il explique qu’il parie « sur les retards » pris : « Comme nous intervenons en second œuvre, nous espérons que les maçons traîneront. » Rien que pour son équipe de quatre salariés, il a estimé qu’il lui faudrait « un renfort ». Introuvable.
Une autre solution consiste à prendre un chantier, puis à le sous-traiter. « Parfois à des boîtes étrangères », sourit Laurent Gonthier. « Les gens sont furieux, disent que les étrangers nous volent notre travail, mais eux-mêmes n’en veulent pas », poursuit Pierre Gaillard.
Si « cette pénurie a toujours plus ou moins existé, elle a pris des proportions effarantes, insiste le codirecteur du Geiq 24. Et elle freine la reprise. » Il ne croit pas plus à la réforme du Code du travail pour l’enrayer : « On peut réformer ce que l’on veut, si l’on n’a pas la matière première, cela ne sert à rien. »
C’est pourquoi il a choisi de « pousser un coup de gueule ». Il doit être reçu à la préfecture pour le partager.
Le groupement
Le Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq) est une association à laquelle adhèrent 120 entreprises du BTP. Créée en 1991, elle fonctionne un peu comme une agence d’intérim : elle salarie 70 personnes mises à disposition en fonction des besoins de main-d’œuvre et de qualifications.
Elle travaille aussi en lien avec le centre de formation du bâtiment, IDC Pro. « 95 % ont des qualifications adaptées à l’entreprise à l’issue de leur parcours », assure Laurent Gonthier. Le but ultime du Geiq 24 est le placement en CDI, ce qu’il parvient à faire pour « 75 % » de ses salariés.
Son siège est situé à Bergerac, zone du Libraire.
Les responsables de ce GEIQ crient-ils que la meilleure façon d'inciter les "intermédiaires de l'emploi" d'orienter des personnes vers eux soit de rendre publique une analyse pour le moins désobligeante de leur travail ?
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