dimanche 10 octobre 2010

Où en est la Loi Poisson sur les Groupements d’Employeurs ?

La Loi Poisson adoptée en première lecture par l’assemblée Nationale le 9 juin 2009 semble bien être bloquée au Sénat depuis 15 mois.

Entre temps le Conseil constitutionnel a annulé l'élection du député Monsieur Poisson au motif du faible écart de voix (une seule voix) et de la distribution d'un tract à la veille du scrutin. Une nouvelle élection législative partielle a lieu les 4 et 11 juillet 2010. Jean-Frédéric Poisson a été battu au second tour par Anny Poursinoff (Europe Écologie), qui l'emporte avec 51,72 % des voix.
La commission des affaires sociales a désigné le Sénateur M. Alain Gournac le 24 juin 2009 en qualité rapporteur, sur cette proposition de loi n° 456 (législature 2008-2009), adoptée par l'Assemblée nationale, pour faciliter le maintien et la création d'emplois. M. Alain Gournac est Sénateur des Yvelines, Vice-Président du groupe UMP du Sénat et rapporteur du budget travail et emploi.

Depuis sa nomination, le dossier législatif semble bloqué.

Par ailleurs, le texte prévoyait une négociation inter-professionnelle de branche sur la question du seuil de 300 qui devait se terminer le 31/12/2009.

A défaut d'accord le gouvernement proposait tout simplement de supprimer la référence au plus de 300 dans le code du travail.

S’agissant d’un accord de branche, il ne pouvait s’agir que d’un accord de branche national et interprofessionnel s’il l’on veut couvrir toutes les branches, donc un accord signé par le MEDEF et la majorité des 5 organisations syndicales «représentatives».

Un tel accord interprofessionnel ne couvrirait pas, de toutes façons, le secteur agricole qui concerne malgré tout plus de 17000 salariés pour plus de 6000 groupements d’employeurs dont certains emploient d’ailleurs plus de 200 salariés, soit la grande majorité de cette forme de travail en temps partagé.

Cette négociation interprofessionnelle n'a pas eu lieu.

Pour rappel les principales propositions de ce texte émanaient des CRGE de Poitou Charentes, Bretagne et Pays de Loire (le GEMIP de Midi-Pyrénées signataire lui aussi du texte fondateur a entre temps été fermé).

La Loi Poisson qui a été adopté en première lecture par l'Assemblée Nationale envisageait les mesures suivantes:

L’article 1er qui supprimait la limite de l’appartenance à deux groupements d’employeurs favorisant ainsi les chances d’emplois.

L’article 2 proposait que soit soumis à la négociation collective interprofessionnelle ou de branche le statut des salariés des groupements d’employeurs. En effet, le seuil de 300 salariés à partir de laquelle les entreprises ne peuvent adhérer à un groupement d’employeurs sauf en cas de conclusion d’un accord collectif n’a plus semblé être un seuil pertinent.

L’article 3 redéfinissait la responsabilité des membres du groupement pour donner la possibilité aux adhérents de pondérer leur responsabilité en fonction des services qu’ils en retirent. Cette nouvelle rédaction vise à maintenir la garantie de paiement aux créanciers (salariés et organismes collecteurs) déjà présente dans le texte actuel, tout en laissant la possibilité d’une plus grande équité, par accord statutaire.

L’article 4 permettait aux collectivités territoriales d’intégrer les groupements sans réserve, en maintenant toutefois l’interdiction de constituer un groupement exclusivement composé de collectivités;

L’article 5 rappelait que le Pôle Emploi doit aussi agir en collaboration avec les groupements d’employeurs, notamment en matière d’emploi à temps partiel non pourvus, puisque les groupements ont pour principale activité de savoir articuler les temps partiels entre eux pour permettre à des salariés d’accéder à des emploi à temps plein partagé.

Le CRGE Poitou Charentes, chef de file du projet, a adressé aux 9 sénateurs de cette région un dossier pour soutenir le texte.

L’espoir est donc peut-être encore de mise de voir aboutir ce texte attendu par tous les groupements d’employeurs mais il diminue au fil des mois qui passent.

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Je fais suite à la parution sur ce blog de l’article “Où en est la loi Poisson sur les groupements d’employeurs ?” et souhaite apporter un certain nombre de rectifications aux informations, erronées, apportées par l’auteur.

    En préambule, un bref historique concernant l’UGEF. En décembre 2006, suite à un séminaire de refondation auquel différents acteurs majeurs du mouvement des GE (adhérents ou non de la FFGE) ont participé et apporté leur contribution active, l’UGEF a pris le relais de la FFGE. Ce groupe s’est accordé sur les 3 grands principes suivants :

    § principe d'unité,
    § principe de réalité,
    § principe de subsidiarité.

    Ce dernier principe fondateur a pour objet de ne faire au niveau national que ce que le niveau régional ne peut pas faire. Il me semble que l’ensemble des acteurs présents au séminaire de refondation ont adopté ce principe.

    C’est donc dans ce cadre qu’au 1er semestre 2007, l’UGEF a constitué un dossier de lobbying (téléchargeable en ligne sur le site www.ugef.fr). Avec la Présidente de l’UGEF, Claude DÉROSIER, nous avons entamé une longue série de rdv avec les Ministres concernés, les députés et les sénateurs. Au total, c’est plus de 150 rencontres qui ont été menées. Ce long travail de lobbying a porté ses fruits et a abouti à la rédaction, en avril 2009, d’une proposition de loi (dite loi Poisson) portée par 8 députés UMP. Nous avons été étroitement associés à ce travail législatif qui reprend l’intégralité des propositions d’évolutions législatives que nous défendons avec force et conviction depuis 2007.

    En parallèle, nous avons demandé à chaque GE de sensibiliser leurs députés et leurs sénateurs sur cette proposition de loi en leur fournissant un modèle de courrier à leur adresser. C’est dans cette phase de sensibilisation que les CRGE ont alors trouvé toute leur place pour relayer les propositions nationales auprès de leurs élus régionaux.

    Ce travail collectif a permis l’adoption, en juin 2009, de la proposition de loi à l’Assemblée Nationale. Depuis l’UGEF travaille sans relâche pour que le texte soit inscrit à l’ordre du jour du Sénat pour examen et adoption définitive. Aussi, oublier le long travail réalisé par l’UGEF en ce domaine me paraît injuste et arbitraire…

    Mon propos n’est absolument pas de remettre en question le travail réalisé par les CRGE, très utile sur le terrain et dans les régions concernées, ou de revendiquer un quelconque droit de propriété sur le travail de lobbying mais simplement de rappeler les missions d’une instance nationale et en particulier le travail de lobbying que nous avons initié depuis 2007 au nom de l’ensemble du mouvement des GE et dans l’intérêt de chacun.

    Par ailleurs, je suis convaincue que la méthode qui consiste à perpétuellement opposer les acteurs du mouvement les uns aux autres est fortement préjudiciable à chaque GE sur son territoire et dans son développement. Il ne s’agit là que d’une vue à court terme qui ne peut que nuire au développement d’un mouvement fort des GE.

    Enfin, ces précisions étant apportées, je reste sincèrement persuadée que ce n’est que dans l’unité, la coopération et en agissant de concert que les GE pourront se développer et occuper, enfin, parmi les autres acteurs de l’emploi, la place qui leur revient.

    Sincèrement,

    Sophie Le Naoures
    UGEF

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