jeudi 9 juin 2011

Emplois agricoles en Charente : 1.500 places à prendre et encore trop peu de Groupements d'Employeurs

Difficile de trouver de la main-d'oeuvre dans le secteur agricole. Les lycées sont désertés, Pôle emploi ne fournit pas. En cause, la mauvaise image de la filière, les salaires faibles et les contrats précaires. Quel rôle jouent les groupements d’employeurs ?


Mille cinq cent. C'est le nombre de paires de bras dont l'agriculture charentaise aura besoin en 2011. Et elle ne parviendra pas à les trouver. Parce qu'on ne se bouscule pas pour aller travailler dans les vignes ou nourrir les bêtes. Même quand on est sans boulot depuis longtemps ou jeune et en quête d'une filière où il y a des débouchés.

Nathalie Bauchet, responsable du service de remplacement et du groupement d'employeurs Cap'emploi, a trois offres de CDI en souffrance. Daniel Sauvaitre, producteur de pommes au Tastet à Reignac, a de plus en plus de mal à trouver les dizaines de saisonniers dont il a besoin. Et Pôle emploi, l'an dernier, n'a pu satisfaire que 88% des propositions d'emploi.

Avancées insuffisantes

«Le salarié agricole est un salarié comme les autres, avec les mêmes droits», défend Joëlle Michaud, présidente de l'Association départementale pour l'emploi et la formation agricole (Adefa) . «Il y a une convention collective, ajoute Florence Gaboriau. Oui, il y a des gens au Smic, pour les postes sans qualification, comme dans le secteur général. Mais il y a aussi des cadres.» Prime d'ancienneté, complémentaire santé, s'ajoutent aux avantages. «Il y a eu des progrès, mais pas suffisants», avoue Christian Berge, président du comité emploi formation de la chambre d'agriculture.

La mécanisation diminue l'effort physique. Mais «quand il pleut, il pleut, et quand il fait froid, il fait froid», reconnaît Daniel Sauvaitre. Alain Gaignerot ajoute: «Les tracteurs sont de plus en plus confortables, mais au lieu de faire 30 hectares, on en fait 150. La pression reste la même. Et les problèmes de dos aussi.» Bernard Angibaud, salarié agricole, syndicaliste FO, pointe un paradoxe: «Avec les sécateurs électriques, les troubles musculo-squelettiques se développent: les gestes sont trop répétitifs.»

Seulement 20% des emplois dans l'agriculture sont des CDI à temps plein. «Et les gens ont besoin de travailler du 1er janvier au 31 décembre», insiste Bernard Angibaud. Même si les CDD ont leurs adeptes: «Il y a des femmes intéressées parce que ça leur donne de la souplesse dans l'organisation pour les enfants», note Florence Gaboriau. «Et que l'on touche des allocations chômage entre deux missions», murmurent les mauvaises langues.

Partager les CDI

Les groupements d'employeurs permettent de recruter des temps plein permanents avec des salariés qui jonglent entre plusieurs exploitations. C'est l'option choisie par Daniel Sauvaitre qui emploie une cinquantaine de permanents: «Quand on trouve des gens qui s'adaptent, on essaie de les garder.»

Pour pallier le manque de personnel qualifié, «on va chercher les gens issus d'autres métiers qui sont motivés». «On forme 30 personnes par an pour la taille de la vigne», cite Valérie Daunas, la responsable de l'agence Pôle emploi de Cognac-Barbezieux. Mais l'adaptation est parfois difficile. Même s'il y a de beaux exemples de reconversion réussie. «Comme cet informaticien ravi de son poste dans une exploitation agricole», cite Isabelle Caillaud.

Plaidoyers

«On passe encore pour les bouseux», résume Bernard Angibaud. Daniel Carnesciali, responsable du service formation à la chambre d'agriculture, s'agace: «Les élèves ont une vision qui date de quarante ans.» La réputation de pollueurs n'arrange rien. Du coup, les lycées agricoles sont désertés. «En gros, en viticulture, les effectifs d'étudiants ont été divisés par trois en dix ans, se désole Christian Berge. Alors que toute personne formée trouve un employeur avant même sa sortie.»

Alain Gaignerot argumente: «On travaille sur du vivant.» Bernard Angibaud ajoute: «On est quand même plus heureux dans ce milieu que dans une grande surface!» Christian Berge plaide: «C'est un système économique qui marche bien, qui a besoin de main-d'oeuvre de plus en plus qualifiée, où les emplois sont pérennes, non délocalisables, de proximité, pas plus pénibles que d'autres, où on peut devenir chef d'exploitation en quelques années.» Daniel Carnesciali constate, plein d'espoir: «Le bâtiment est en train de réussir à modifier son image...»

Aujourd'hui

1 350 à 3 150 €. Le salaire d'un ouvrier démarre au Smic, soit 1 365 € bruts mensuels, pour 35 heures hebdomadaires. Le niveau de rémunération le plus élevé est de 1 569 € par mois. Pour les techniciens agents de maîtrise et les cadres, les revenus vont de 1 778 à 3 150 €.

2 337. C'était le nombre d'exploitations agricoles en Charente en 2009.

2 545 salariés étaient employés en CDI à temps plein, 401 à temps partiel, 11 522 en CDD temps plein et 237 en CDD temps partiel en 2009.

Sur l’ensemble de la Région Poitou Charentes on compte :

- 4 Services de Remplacement en agriculture
- 4 Groupements d'Employeurs Agricoles départementaux
- 2 Groupements d'Employeurs issus de cercles d'échanges agricoles
- 261 Groupements d'Employeurs Agricoles locaux

Un millier de salariés ont entre 58 et 60 ans, dont des cadres, qui vont devoir être remplacés dans le seul département de la Charente

Pour plus d’informations sur ae promotion de l’emploi en agriculture en Charente :
Joëlle Michaud, présidente de l'Association départementale pour l'emploi et la formation agricole (Adefa)
Tel : 05 45 61 62 63
Mail : charente@anefa.org

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