L’UGEF espérait 210 personnes
pour ce colloque très bien organisé mais les grèves de train ont
ramené l’auditoire à 150 personnes environ.
Beaucoup
de groupements, des GEIQ, quelques groupements agricoles, des
députés, des fonctionnaires du Ministère du Travail et bien
d’autres personnes (OPCA, CCI, chambres des métiers…) ont pu
faire le point sur de nombreux sujets et interpeller les intervenants qui ont tous brillé par la qualité de leurs analyses
et qui, pour une fois, ont rangé leur langue de bois au vestiaire de
l’Assemblée Nationale. Par contre il était assez surprenant de
constater l’absence de tous les CRGE à l’exception de celui de
Loire Atlantique. Malheureusement, comme d’habitude dans ce type de
manifestation, la Fédération Nationale des Groupements d’Employeurs
Agricoles et Ruraux était absente ; absence gênante quand l’on
sait que 80% des groupements d’employeurs français sont agricoles.
Il
n’est pas possible de retranscrire sur ce Blog tous les sujets
abordés tant ils ont été nombreux.
Le
compte rendu sera mis en ligne ultérieurement par l’UGEF sur
Je
me contenterai donc de retranscrire quelques points clefs qui sont
ressortis des 3 ateliers suivis de nombreux échanges avec la salle.
Les
organisations syndicales se sont largement exprimées avec des points
de vue fouillés et très perspicaces.
La
CGT, FO et la CFDT ont clairement expliqué leur attachement à cette
forme d’emploi qu’ils aimeraient voir se développer mais ils
regrettent le problème de l’éparpillement des groupements en
terme de représentativité et leur manque de visibilité, sachant
que sur le terrain ils ont manifestement perçu que le meilleur
côtoie le pire.
Les
groupements ressemblent un peu aux mouvances troskistes. On met 3
militants dans une salle et il en sort 6 courants différents qui
s’affrontent avec ardeur. Le temps passant nous donnons de plus en
plus l’image de villages de gaulois qui défendent chacun leur
petit pré carré. On a ainsi découvert lors du colloque la
fédération des groupements d’employeurs du judo (11 groupements
et 70 salariés), la nouvelle création d’une petite fédération
des groupements d’employeurs d’Ile de France (dans laquelle les
Groupements de Hôtellerie Restauration RESO semblent très présent)
ou le Syndicat National des Groupements d’Employeurs
Multi-sectoriels (SNGEM) dont tout le monde se demande qui
concrètement il représente.
Cet
éparpillement va rapidement poser problème car un engagement a été
pris par les partenaires sociaux (en annexe de l’accord national
interprofessionnel du 11 janvier 2013) de négocier sur les
groupements d’employeurs et ainsi reprendre la discussion là où
elle avait été laissée lors de la dernière négociation post Loi
Cherpion-Taugourdeau qui s’était soldée par un échec.
Cette
négociation n’aura peut-être pas lieu cette année du fait du
calendrier déjà très chargé mais il est clair qu’elle arrivera
au plus tard l’an prochain.
Avec
qui vont négocier les partenaires sociaux ?
Si
toutes les formes de groupements ne se réunissent pas pour parler
d’une même voie au sein d’une même « confédération »,
nous aurons à nouveau le syndicat du travail temporaire qui
s’occupera de nous comme il l’a fait par le passé, main dans la
main avec le MEDEF, pour régler le sort des groupements
d’employeurs.
Aline
Jaquet-Duval, Président de l’UGEF, a clairement tendu la main,
sans vouloir prendre un quelconque ascendant sur qui que ce soit, à
l’ensemble des acteurs du monde des groupements d’employeurs. Un
appel qui, espérons le, sera entendu car il y a urgence. Christian
Janin, secrétaire confédéral de la CFDT et Joëlle Huillier,
député de l’Isère, ont mis les « pieds dans le plat »
en invitant les groupements d’employeurs à organiser rapidement
leur représentativité. Il y va de notre crédibilité.
Interrogé
sur le CDI Intérimaire, Stéphane Lardy (FO), a clairement expliqué
que ce nouveau contrat était concurrent des groupements
d’employeurs. Son organisation syndicale ne signera pas l’accord
créant ce nouveau statut, de même que la CGT.
On
les comprend. Ils n’ont pas signé l’accord national
interprofessionnel du 11 janvier 2013, ils ne vont donc pas signer un
accord qui lui fait suite.
La
position des trois autres organisations syndicales majoritaires
(CFDT, CGC et CFDT) semble bien différente. On l’a bien compris au
travers de l’intervention de Christian Janin.
Or, cet accord sur le CDI intérimaire (s’il se signe…) est à
prendre très au sérieux par les groupements d’employeurs car il
offre un statut bien plus intéressant pour les salariés et beaucoup
plus de sécurité pour l’employeur. Il ne serait d’ailleurs pas
surprenant à l’avenir de voir des groupements se transformer en
agence de travail temporaire en conservant leur statut associatif et
avec l’objectif principal de faire du CDI.
Il
a été aussi beaucoup question du temps partiel et de la difficulté
que va représenter le fait de garantir au moins 24 heures
hebdomadaires de travail.
Les
représentants de l’UGERES et de la CGPME ont tiré à boulet rouge
sur cette nouvelle obligation. Pour autant tout le monde s’est
accordé à dire que le « bon » statut du salarié de
groupement c’est le temps plein en CDI. C’est malheureusement
l’image idyllique des groupements d’employeurs qui a été donnée
toute la matinée et qui ne correspond pas à la réalité car le
recours au CDD est massif tout comme celui du temps partiel dans les
différentes formes de groupements.
Cette
réalité sera tôt ou tard connue car tout est fait, comme nous
l’avons appris dans ce colloque pour que les groupements obtiennent
un code APE/NAF propre qui permettra enfin de faire des statistiques
nationales. Aujourd’hui, seuls les GEIQ sont capables de donner une
image très précise de leur action nationale.
L'ADHÉSION DES COLLECTIVITÉS LOCALES AUX GROUPEMENTS D’EMPLOYEURS
Le
débat sur l’adhésion des collectivités locales aux groupements
d’employeurs a été aussi passionnant. Monsieur Jean-Marie DARMIAN
élu au sein de l’association des maires de France (AMF) a ainsi
expliqué que la réforme des rythmes scolaires allait entraîner une
multiplicité de micro contrats de travail : pour 10 classes
d’élèves, l’AMF considère qu’il faudra embaucher 20
personnes avec des compétences très diverses, pour des horaires
annuels de 3 à 150 heures. Une situation ingérable sans
mutualisation de l’emploi. Le problème est que l’offre proposée
par les groupements est très faible et disparate, d’une part, et
que la culture de la mutualisation des emplois n’est pas encore
intégrée culturellement par les collectivités locales, d'autre part.
Le
débat sur les innovations sociales des groupements d’employeurs au
niveau des territoires a été lui aussi passionnant. La CCI de
l’Isère a ainsi témoigné d’une action sur les seniors qui a
beaucoup intéressée l’assistance. L’enjeu est bien de trouver
le moyen de faire partager ces expériences et ces bonnes pratiques
pour qu’elles se diffusent. J’en profite pour dire aux lecteurs
de ce Blog de ne pas hésiter à me passer leurs textes de
présentation d’expériences innovantes pour que je les publie et
les faire connaître au plus grand nombre.
« FONCER »,
SE STRUCTURER, SE PROFESSIONNALISER
La
professionnalisation des animateurs et directeurs de groupements
d’employeurs a aussi été abordée. Jean-Yves KERBOURCH,
professeur de Droit à l’Université de Nantes a présenté son
projet de diplôme universitaire de manager de groupement
d’employeurs. Il sera composé de 7 modules réalisés en partie en
formation à distance et en partie en présentiel dans la faculté.
Les directeurs et animateurs de groupements pourront même étaler
sur plusieurs années cet enseignement et s’exonérer de passer
quelques modules avec la VAE (Validation de l’Expérience par les
Acquis).
Comme
l’on fait remarquer les organisations syndicales, les groupements
ont un bel avenir devant eux s’ils « foncent », se
structurent et se professionnalisent.
Les
politiques et les partenaires sociaux ont certes un rôle à jouer
mais c’est surtout aux chefs d’entreprises que revient
l’initiative de relever ces trois défis.
L’avenir
nous dira si ce challenge peut être relevé. La question est de
taille car nous sommes à la croisée de chemins.
Enfin,
tout le monde s’est accordé à chaudement féliciter Mme Aline
JACQUET-DUVAL pour avoir parfaitement réussi ce colloque, le premier
d’une telle qualité, qui marque la fin de son mandat de Présidente de l’UGEF.
Jean-Charles TAUGOURDEAU s’est à nouveau distingué comme le spécialiste et l’ardent défenseur des groupements d’employeurs au sein de l’Assemblée Nationale.
Jean-Charles TAUGOURDEAU s’est à nouveau distingué comme le spécialiste et l’ardent défenseur des groupements d’employeurs au sein de l’Assemblée Nationale.
Quelle rapidité Cédric!
RépondreSupprimerEffectivement ,je te rejoins sur la constatation de l'absence de certains...
Je retiens aussi qu'après 30 ans d'existence (11 en ce qui nous concerne) ,l'idée d'un GE se doit d'être encore rabâchée à sa plus simple forme...
merci encore pour ce précieux retour rapide
Virginie Morel ge INTERPRO Saint Dizier