mercredi 28 janvier 2015

L’intérim et les groupements d'employeurs victimes de la crise du BTP

L’emploi intérimaire a chuté de 4,1 % en décembre, avec un plongeon de 23 % dans le BTP. Sur l’ensemble de l’année 2014 et en équivalent temps plein, 6.000 emplois ont été détruits.


La France a détruit 37.000 emplois en un an



C’est un signal de mauvais augure avant la publication, mardi après-midi, des chiffres du chômage de décembre. Selon les données dévoilées ce lundi par Prism’emploi, la fédération professionnelle des entreprises de travail temporaire, l’intérim a fortement reculé en décembre, à – 4,1 % par rapport à décembre 2013. Les transports ont été épargnés (+1,6 %) mais l’industrie (–1,2 %), les services (–2,5 %), le commerce (–3 %) et surtout le BTP (–23 %) ont souffert.
Cela vient clore une nouvelle année sombre pour l’intérim, en recul continu depuis septembre. Selon nos informations, l’ensemble des missions d’intérim effectuées en 2014 ont ainsi représenté l’équivalent de 504.000 emplois à temps plein (ETP), contre 510.000 en 2013, soit un recul de 1,2 %. Sous réserve d’éventuelles corrections futures de ce chiffre encore provisoire, ce total diminue pour la troisième année de rang, avec quelque 72.000 emplois, en ETP, détruits depuis 2011.

Des tendances contrastées

Ce constat global cache toutefois des tendances contrastées. Le bilan annuel du Prism’emploi, qui sera diffusé la semaine prochaine, fait état de 12.000 postes détruits dans le seul BTP, une chute que ne compense pas le léger rebond, avec 6.000 postes en plus que l’an passé dans l’ensemble des autres secteurs. Prism’emploi et les professionnels du bâtiment avancent une batterie de motifs à cette évolution : une baisse traditionnelle des lancements de travaux publics les années d’élections municipales, accentuée par la baisse des dotations aux collectivités locales ; des moindres dépenses de l’Etat ; les incertitudes liées à la réforme territoriale , qui mettent en suspens des chantiers, en particulier les réfections des routes ; l’effet négatif de la loi Duflot sur les constructions de logements neufs. Cela impacte bien évidemment les GEIQ BTP qui fonctionnent beaucoup avec les clauses sociales de ces grands chantiers, mais aussi les groupements d'employeurs spécialisés en BTP comme celui de Bergerac qui a été mis en redressement judiciaire en 2014.

Concurrence d’entreprises étrangères

Selon Prism’emploi, un autre élément contribue à limiter l’activité intérimaire : la concurrence d’entreprises étrangères, qui détachent des salariés en France, « avec souvent des charges sociales moitié moindres », selon son délégué général François Roux. S’ajoutent la concurrence, encore plus forte, « des salariés détachés et non déclarés ». Sur ce dernier point, le Prism’emploi regrette que « les mesures prises au niveau européen tardent à produire leurs effets », mais mise sur les mesures complémentaires prévues par la loi Savary de juin dernier – dont certains décrets d’application se font toutefois attendre – et sur des dispositions prévues dans la loi Macron , en particulier l’instauration d’une carte d’identité professionnelle dans le bâtiment.
Comme l’explique François Roux, le secteur espère désormais un rebond en 2015, sur fond de baisses des charges des entreprises et de premiers signaux économiques encourageants, comme la baisse du prix du pétrole. D’ici là, l’intérim tentera de devenir la douzième branche à s’entendre avec les syndicats sur des contreparties au pacte de responsabilité. Un relevé de conclusions ouvert à la signature vient d’être transmis aux syndicats. Le patronat s’y engage notamment à développer l’apprentissage et l’accès à l’emploi des seniors et des personnes handicapées. Mais il se refuse à tout engagement chiffré, un point que ne devraient pas manquer de regretter les organisations syndicales.

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