Dans le cadre de la politique de lutte contre
le retard de paiement dans les transactions commerciales, les pouvoirs publics
ont mis en place une indemnité pour frais de recouvrement. Ainsi, à partir du 1er janvier 2013, en cas de retard de paiement lors
d’une transaction entre professionnels, une indemnité forfaitaire de 40 euros
s’ajoutera systématiquement aux pénalités de retard, dues au créancier.
Si
les frais de recouvrement réellement engagés sont supérieurs à ce montant
forfaitaire, une indemnisation complémentaire sur justification pourra être
demandée au débiteur.
Depuis
la loi de modernisation de l'économie (LME) du 4 août 2008, les délais de paiement
interentreprises sont restreints à 60 jours calendaires, ou à 45 jours fin de
mois.
(Source
: décret du 2 octobre 2012)
Pour
RAPPEL--------------------------------------------------------
Qu’est-ce qu’une
pénalité de retard ?
Les
pénalité de retard permettent d’anticiper les difficultés et peuvent s’avérer
dissuasives pour le cocontractant. Elle l’incite à payer en temps et en heure.
Les pénalités de retard de paiement ne sont pas des clauses pénales. Par
conséquent, le juge n'a pas le pouvoir d'en augmenter ou d'en réduire le
montant (Cass. Com., 2 novembre 2011, no 10-14.677).
Les pénalités de retard sont-elles
obligatoires ?
Les
pénalités de retard sont dues de plein droit et doivent donc être payées
spontanément (!) par le client… (articles L.441-6 du Code de commerce et 98 du
Code des marchés publics) Mais, évidemment, cette "spontanéité" est
toute théorique, sauf pour certains payeurs publics.
Quel taux appliquer ?
Sauf
disposition contraire qui ne peut toutefois fixer un taux inférieur à trois
fois le taux d'intérêt légal, ce taux est égal au taux d'intérêt appliqué par la Banque centrale européenne
à son opération de refinancement la plus récente majoré de dix points de
pourcentage.
Attention : les décrets dérogatoires rappellent tous l’application de ces
pénalités mais certains en imposent la référence : taux minimal ou taux
supplétif. Remarquons au passage que le taux supplétif est actuellement
inférieur (1+10 = 11%) au minimum de 3×0,71 = 2,13%…
Il vaut donc mieux éviter :
·
la référence au taux de la BCE car il varie trop souvent et au gré de la
politique macroéconomique ;
·
le taux minimal car insuffisamment dissuasif et porteur du
message subliminal « ne jamais fâcher le client, même mauvais payeur… ».
La
référence au taux légal est simple car il ne change qu’une fois l’an. En
revanche, le multiplicateur minimal (trois fois) semble insuffisant. Mieux vaut
lui préférer un facteur quatre ou cinq.
Rappelons aussi que l’on peut choisir un taux fixe (par exemple 15 % l’an ou
1,5 % par mois) et que celui-ci n’est pas soumis au plafond de l’usure car il
s’agit d’une pénalité.
NB : cette option évite de devoir faire varier le taux qui doit figurer sur les
factures.
Faut-il les stipuler quelque part ?
Outre
les contrats ou conditions de vente, les pénalités de retard doivent figurer
sur les factures. Plus précisément, le mode de calcul ainsi que les conditions
de l’application des pénalités de retard doivent figurer dans les conditions de
vente (article L441-6 du Code de commerce).
Attention : le fait qu’elles ne soient pas stipulées n’empêche pas leur
application (Cour de Cassation, 3 mars 2009).
Faut-il les réclamer ?
C'est vivement conseillé, et ce pour deux
raisons :
·
financière (pour compenser le préjudice subi) ;
·
morale (le paiement des factures n’est pas une partie de
cache-cash).
Le
fournisseur qui veut faire pression sur son client pour l’inviter à la
ponctualité a donc tout intérêt à rappeler l’obligation de payer ces pénalités
dans ses lettres de relance amiable ainsi que lors des appels téléphoniques.
Le mieux est alors de pouvoir chiffrer leur montant au moment de la relance. De
plus, cette information cumulée pourra être utilement rappelée au moment de la
renégociation annuelle des conditions avec le client…
Faut-il les facturer ?
Comme
elles sont dues de plein droit, ce n’est pas nécessaire. Il incombe donc
théoriquement au client de les calculer…,
Il n’est nécessaire de les comptabiliser que dans l’exercice où elles ont été
encaissées.
Néanmoins, le fournisseur qui tient à percevoir le montant des pénalités, ne
serait-ce que pour compenser le coût financier du retard et des relances,
choisira de les faire figurer au débit du compte client. Pour ce faire, il faut
une facture ou une note de débit.
Précisons que cette facture est exonérée de TVA, puisqu’il s’agit de pénalités,
et qu’elle est payable sans délai.
Comment les calculer ?
L’assiette
est constituée par les montants dus TTC. Le taux, annuel ou mensuel, peut être
converti en taux journalier puis multiplié par le nombre de jours écoulés entre
la date d’échéance et la date d’encaissement ou la date à laquelle est fait le
calcul (si le paiement n’est pas encore effectué).
Que faire si le client ne les paie pas ?
Toutes
dispositions prévues en cas de retard de paiement (suspension des prestations,
déchéance du terme de paiement, etc.) sont applicables, y compris l’action
contentieuse (si le montant dû, augmenté de la clause pénale, le justifie).
D’autre part, il est possible de le signaler aux commissaires aux comptes (si
le client en est pourvu), à la
CEPC (Commission d’Examen des Pratiques Commerciales) ou à la DGCCRF
Si les pénalités ont été facturées et que la relation commerciale est trop
importante pour être mise en péril, il faut établir un avoir annulant ces
pénalités avant la clôture de l’exercice (pour éviter de payer l’IS).