Une semaine après la signature, par le monde agricole, du pacte de responsabilité qui mettait en avant les groupements d’employeurs comme leviers de création et de maintien de l’emploi, la Fédération nationale des groupements d’employeurs agricoles et ruraux (FNGEAR) a tenu son assemblée générale le 22 avril, à Paris. Avec plus de 3 700 groupements sur le territoire et 35 000 salariés, l’emploi partagé représente jusqu’à 10 % de l’emploi salarié dans le monde agricole en France, a rappelé Gilles Duquet, président de la fédération. Le nombre d’équivalent temps plein (ETP) en CDI au sein de ces groupements a par ailleurs progressé de 79 % entre 2004 et 2013.
Emploi durable et local
Riches de 30 ans d’existence, les groupements d’employeurs présentent en effet de nombreux avantages, autant pour les adhérents que pour les salariés : ils permettent de répondre aux besoins partiels ou saisonniers de plusieurs employeurs tout en pérennisant un emploi. Le groupement facilite aussi le recrutement de personnes compétentes et qualifiées (puisque pour des périodes plus longues et pour des tâches similaires chez les différents employeurs), et ce en restant essentiellement au niveau local, ce qui contribue au maintien de l’activité économique en milieu rural. Autre valeur ajoutée des groupements d’employeurs : le donneur d’ordre est protégé si le salarié se révèle être en situation de travail illégal, problème qui peut être rencontré lors de l’embauche de saisonniers et pour lequel l’exploitant agricole est en partie responsable s’il a directement recours à un prestataire de service. Des bénéfices sur lesquels la FNGEAR souhaite communiquer plus largement pour renforcer la dynamique et la structuration de son réseau, en insistant également sur l’aspect professionnel des groupements d’employeurs, notamment à travers la promotion de l’accord national paritaire du 13 juin 2012.
Défense collective
Si l’emploi partagé poursuit son développement en agriculture, il reste un certain nombre de problèmes à surmonter. Les emplois, qui s’ouvrent de plus en plus aux autres activités du territoire rural, soulèvent par exemple la question des conventions collectives pour le multisectoriel et dont les administratifs soulignent la complexité administrative. Un travail de réduction du nombre de conventions collectives va d’ailleurs être mis en œuvre, sachant que l’on en compte aujourd’hui près de 145 dans le monde agricole. La position du mandataire social, juridiquement responsable du groupement d’employeurs, n’est pas non plus toujours facile avec la multiplicité des contrats, et notamment ceux des saisonniers, ce qui peut freiner la prise de responsabilité et le développement des groupements. La FNGEAR doit ainsi permettre la « défense collective de l’employeur dans le cadre de la profession agricole en général, et arriver à renforcer, au-delà de la défense patronale, une stratégie de développement des services », a rappelé Jérôme Volle, vice-président de la commission emploi à la FNSEA. Le rapport d’orientation de la FNGEAR réaffirme ces missions de développement et de services au réseau, services d’ordre juridique ou de ressources humaines en particulier, qui peuvent aussi être mutualisés avec d’autres types de groupements (Cuma) ou être mis à disposition, par exemple par la FNSEA. En ce sens, les connexions locales entre FDSEA et FDGEAR doivent être encouragées et renforcées, a fait savoir Xavier Beulin. Intervenant en fin de matinée, le président de la FNSEA, a d’ailleurs salué dans cette organisation du travail salarié « une forme très moderne d’emploi », ajoutant que les syndicats de salariés signataires du pacte de responsabilité n’ont pas manqué de relever le rôle de ces groupements d’employeurs dans la sécurisation de l’emploi. « On doit être capables de reconstituer des plein-temps qui donneront une sécurité à l’employé, il faut avoir un discours positif là-dessus », a-t-il insisté.