Ce dispositif, lancé en 1997 à Marseille, est destiné à accueillir des jeunes ayant quitté le système scolaire sans diplôme. Il compte à ce jour plus de 100 écoles.
Rappelons que le Gouvernement a très clairement fait référence à ce "modèle" d'insertion dans l'exposé de son dernier amendement voté le 3 février 2014 créant une catégorie spécifique de groupements d'employeurs : les GEIQ.
Lancées en 1997 en France sous l’impulsion d’Édith Cresson, alors commissaire européen à l’éducation, les écoles de la deuxième chance (E2C) sont aujourd’hui bien implantées et organisées en réseau.
Ce dernier compte une centaine de membres et a accueilli plus de 14 000 élèves en 2013.
UNE FORMATION ADAPTÉE
Ces élèves, âgés de 18 à 25 ans, ont tous quitté l’école depuis au moins un an sans diplôme et sont, en outre, dans des situations sociales difficiles. Pour les remettre en selle, l’école mise sur l’accompagnement : des formateurs à temps plein pour de petits groupes, attribution d’un tuteur à chaque jeune, une pédagogie adaptée et de nombreux stages en entreprises trouvés par l’école et indemnisés.
Une recette qui a fait ses preuves. « Au niveau national, nous enregistrons 59 % de sorties positives soit vers l’emploi – intérim, CDD, CDI –, soit vers une formation qualifiante – apprentissage, contrat de professionnalisation – qui mènera à un travail », affirme Alexandre Schajer, le président du réseau des E2C.
« La grande force des E2C est de garantir un suivi global des jeunes, analyse Damien Brochier, chercheur au Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq). Ainsi, les formateurs leur assurent une remise à niveau scolaire personnalisée, les référents les encadrent pour le volet insertion professionnelle et l’école les aide à gérer leurs problèmes familiaux ou de logement. »
UN LIEN PRIVILÉGIÉ AVEC LES ENTREPRISES LOCALES
Autre atout, le lien fort avec les entreprises locales. « Aujourd’hui, 2 400 sociétés sont partenaires de l’école, nous n’avons plus de problème pour trouver des stages et être un véritable intermédiaire entre le jeune et son futur employeur », avance Lionel Urdy, le directeur de l’E2C de Marseille. Début décembre, le dispositif a reçu le soutien appuyé du ministre de la ville Maurice Leroy.
Ce bilan positif doit toutefois être tempéré par plusieurs bémols. D’abord, le chiffre de 40 000 élèves accueillis depuis 1997 pèse peu au regard des 150 000 jeunes qui, chaque année, sortent du système scolaire sans diplôme. « Jamais je ne dirai que nous sommes "LA" réponse au chômage des jeunes en France, mais nous sommes une des solutions existantes », réplique Alexandre Schajer.
UNE FORMATION QUI A UN COÛT
Mais le principal reproche adressé aux écoles est leur coût, « bien plus élevé que celui d’une association de réinsertion par exemple », note le chercheur Damien Brochier. Une critique qui agace Marc Martin, à la tête de l’E2C de Toulouse : « la formation coûte 10 000 € par jeune dans notre école, la même chose que pour un lycéen. Et c’est bien inférieur au coût d’un Établissement public d’insertion de la Défense (Epide), estimé à 40 000 €, par exemple. »
Alexandre Schajer précise qu’au niveau national, une formation de six mois pour un jeune revient à 6 000 €, soit plus qu’une année d’études en Centre de formation d’apprentis (CFA) à 4 500 € mais moins qu’une année de lycée professionnel à 10 000 €.
Au-delà de cette analyse se pose la question du maintien du financement du dispositif dans un contexte de crise. Depuis 2009, les E2C fonctionnent depuis 2009 grâce à un trio de financeurs qui contribuent chacun à part égale : les régions, l’État via l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé) et un ensemble alliant le fonds social européen, la taxe d’apprentissage et d’autres collectivités locales.
QUEL AVENIR POUR LES E2C ?
Le budget annuel des écoles se monte en 2011 à 55 millions d’euros. « À l’avenir, les pouvoirs publics devront choisir entre limiter le réseau dans sa taille actuelle pour en assurer la pérennité ou doubler le nombre d’écoles pour répondre aux besoins, comme l’a recommandé l’Inspection Générale des Affaires Sociales (Igas) dans un rapport rendu récemment », résume Alexandre Schajer.
Interrogé sur ce point, le ministère de la ville indique seulement avoir reconduit le budget attribué aux écoles pour 2012.
LA GARANTIE DE TROUVER UN EMPLOI ?
L’autre inconnue est le devenir à moyen terme des jeunes passés par les E2C. Certes, plusieurs écoles réalisent des enquêtes pour savoir ce que font leurs anciens élèves un an après leur départ. Ainsi, à Toulouse 60 % des répondants affirment ne pas être au chômage.
Toutefois, passé ce délai, le lien se distend et le suivi devient problématique. « Des études effectuées sur un dispositif de formation américain proche ont montré que son coût élevé restait inférieur à celui du chômage des jeunes et du pessimisme qui en découle, avance Philippe Zamora, chercheur au Centre de recherche en économie et statistique (Crest). Mais cela reste à démontrer en France. »
COMMENT FONCTIONNE LE RÉSEAU ?
Le Réseau E2C France dispose d’une équipe légère de permanents qui gèrent au quotidien les questions relatives au développement du Réseau, les relations avec les différents acteurs et partenaires, l’animation des groupes de travail transversaux, qui favorisent la collaboration participative et bénévole de toutes les Écoles au fonctionnement de l’association.
Début 2009, le Réseau E2C France a reçu l’avis conforme des Ministères de l’Emploi et de l’Éducation Nationale, sur le “Cahier des Charges pour labelliser une E2C” et son “Guide de Labellisation”, élaboré avec l’AFNOR. Le processus de labellisation est professionnalisé, les Écoles, après un audit technique réalisé par l’AFNOR et l’avis motivé de la Commission Nationale de Labellisation, reçoivent le titre de Membre Actif du Réseau E2C France, le droit d’utilisation des marques et participent à la gestion du label.